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Page:Dumas - Mes mémoires, tome 10.djvu/168

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MÉMOIRES D’ALEX. DUMAS

— Qui est là ?

Mademoiselle Stylite répondit :

— Nous nous rendons ; nous allons ouvrir ; ôtez le feu.

Les deux gendarmes s’élancèrent aussitôt sur le feu, qu’ils dispersèrent à coups de pied. La duchesse sortit la première, forcée de poser ses pieds et ses mains sur le foyer brûlant ; ses compagnons la suivirent. Il était neuf heures et demie du matin environ, et, depuis seize heures, ils étaient renfermés dans cette cachette, sans aucune nourriture.

CCLVI

Premiers moments de l’arrestation. — Les treize mille francs de Madame. — Ce qu’un gendarme peut gagner à dormir sur un lit de camp, et à faire des réflexions philosophiques. — La duchesse au château de Nantes. — Elle est transférée à Blaye. — Judas.

Les premières paroles de Madame furent pour demander Dermoncourt.

Un des gendarmes descendit le chercher au rez-de-chaussée, où le général était resté. Il monta aussitôt auprès de la duchesse, accompagné de M. Baudot, substitut du procureur du roi à Nantes, ainsi que de plusieurs officiers qui se trouvaient là.

Lorsque le général entra, la princesse avait quitté la cachette, et elle se trouvait dans la chambre où elle avait vu Deutz, et que M. Joly avait appelée la chambre d’audience. Elle s’était enfermée dans une espèce de placard pour n’être pas exposée aux regards des curieux qui montaient dans l’intention de la voir. À peine mademoiselle de Kersabiec eut-elle prononcé ces mots : « Le général !  » que Madame en sortit, et s’avança si précipitamment vers Dermoncourt, qu’elle se trouva presque dans ses bras.

— Général, dit-elle vivement, je me rends à vous, et m’en remets à votre loyauté.

— Madame, lui répondit-il, Votre Altesse est sous la sauvegarde de l’honneur français.