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Page:Dumas - Mes mémoires, tome 10.djvu/170

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MÉMOIRES D’ALEX. DUMAS

s’étaient rendus, l’un chez le comte d’Erlon, et l’autre chez M. Maurice Duval, pour, les prévenir de ce qui venait de se passer.

M. Maurice Duval arriva le premier. Il entra dans la chambre le chapeau sur la tête, comme s’il n’y avait pas eu là une femme prisonnière, qui, par son rang et ses malheurs, méritait plus d’égards qu’on ne lui en avait jamais rendu. Il s’approcha de la duchesse, la regarda en portant cavalièrement la main à son chapeau, et, le soulevant à peine de son front, il dit :

— Ah ! oui, c’est bien elle !

Et il sortit pour donner ses ordres.

— Qu’est-ce que cet homme ? demanda la princesse au général.

Sa demande était naturelle, car M. le préfet se présentait sans aucune des marques distinctives de sa haute position administrative.

— Madame ne devine pas ? lui répondit Dermoncourt.

La princesse regarda le général avec un léger sourire.

— Ce ne peut être que le préfet, lui dit-elle.

— Madame n’aurait pas deviné plus juste, quand elle aurait vu sa patente.

— Est-ce que cet homme a servi sous la Restauration ?

— Non, madame.

— J’en suis bien aise pour la Restauration.

En ce moment, M. Maurice Duval rentra et demanda à la duchesse ses papiers. Madame dit de chercher dans la cachette, et qu’on y trouverait un portefeuille blanc qui y était resté. M. le préfet alla prendre ce portefeuille et le rapporta à la duchesse.

— Monsieur le préfet, ajouta-t-elle avec dignité, les choses renfermées dans ce portefeuille sont de peu d’importance ; mais je tiens à vous les donner moi-même, afin que je vous désigne leur destination.

À ces mots, elle l’ouvrit.

— Voilà, dit-elle, ma correspondance… Ceci, ajouta-t-elle en tirant une petite image peinte, est un saint Clément au-