Aller au contenu

Page:Dumas - Mes mémoires, tome 10.djvu/172

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée
169
MÉMOIRES D’ALEX. DUMAS

Le gendarme était alors à Limoges. On lui envoya les treize mille francs ; mais on l’expulsa du corps.

À peine la visite de l’argent et des papiers était-elle faite, que M. le comte d’Erlon arriva, employant, pour arriver jusqu’à Madame, toutes ces courtoisies d’homme du monde auxquelles le préfet avait jugé inutile de recourir.

La duchesse se pencha vers le général :

— Vous avez promis de ne pas me quitter, lui dit-elle à voix basse.

— Et je tiendrai parole à Votre Altesse, répondit le général.

La duchesse se leva alors vivement, alla à M. le comte d’Erlon, et lui dit :

— Monsieur le comte, je me suis confiée au général Dermoncourt ; je vous prierai de me l’accorder pour rester près de moi. Je lui ai demandé, en outre, de n’être point séparée de mes malheureux compagnons, et il me l’a promis encore ; ferez-vous honneur à sa parole ?

— Le général n’a rien promis que je ne sois prêt à ratifier, madame ; et vous ne me demanderez aucune des choses qui sont en mon pouvoir, que vous ne me trouviez toujours prêt à vous les accorder avec tout l’empressement possible.

Ces mots rassurèrent la duchesse, qui, voyant que le comte d’Erlon parlait bas au général et le prenait à part, alla de son côté, causer discrètement avec M. de Ménars et mademoiselle de Kersabiec.

M. le comte d’Erlon fit alors observer au général que M. de Ménars et mademoiselle de Kersabiec pourraient rester près de madame la duchesse de Berry ; mais que, pour M. Guibourg, sa conviction était qu’il serait réclamé par l’autorité judiciaire pour être replacé dans la position où il était avant son évasion, puisqu’il y avait un procès criminel commencé contre lui. Il pensait aussi que la duchesse devait être conduite au plus tôt au château ; il avait même d’avance, et avant de se présenter à la duchesse, donné tous les ordres nécessaires à cette translati