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Page:Dumas - Mes mémoires, tome 10.djvu/177

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MÉMOIRES D’ALEX. DUMAS

venait de le faire rappeler, et qu’il allait sans doute avoir avec Madame une scène à l’endroit de sa séparation.

M. de Ménars chargea alors Dermoncourt de rassurer Madame sur son état, et lui affirma qu’il n’éprouvait qu’une faiblesse passagère et qu’il était très-content de son logement.

Le général se rendit immédiatement chez la duchesse. Lorsque Madame l’aperçut, elle bondit plutôt qu’elle ne s’avança vers lui.

— Ah ! monsieur, s’écria-t-elle d’une voix tremblante de colère, c’est comme cela que vous commencez ? c’est ainsi que vous tenez votre parole ? Cela promet pour l’avenir. En vérité, c’est affreux !

— Qu’y a-t-il donc, madame ? demanda le général.

— Il y a que vous m’aviez promis de ne me séparer d’aucun de mes compagnons, et que, dès le début, vous mettez Ménars dans un autre corps de logis que le mien.

— Madame est dans l’erreur, répondit Dermoncourt. M. de Ménars est dans un autre corps de logis, c’est vrai ; mais la tour qu’babite Madame tient à son appartement,

— Oui ; seulement, il faut descendre et remonter par un autre escalier.

— Madame se trompe encore, reprit le général. On peut se rendre chez M. de Ménars en descendant au premier étage, et en suivant les appartements.

— Si cela est ainsi, allons-y, monsieur, dit la duchesse ; je veux voir ce pauvre Ménars, et à l’instant.

À ces mots, elle prit le bras du général, et l’entraîna vers la porte.

Dermoncourt l’arrêta.

— Est-ce que Madame a oublié qu’elle est prisonnière ? lui demanda-t-il.

— Ah ! c’est vrai, murmura la duchesse. Je me croyais encore dans un château, tandis que je suis dans une prison. Au moins, général, j’espère qu’il ne m’est pas défendu de faire prendre de ses nouvelles ?

— J’ai voulu vous en apporter moi-méme, dit le général. Je viens de chez lui.