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MÉMOIRES D’ALEX. DUMAS

ment, pria M. de Frémicourt de lui laisser l’arrondissement de Saint-Denis, où son élection était sûre, et de se porter candidat à Cambrai, où l’élection de M. de Frémicourt était non moins sûre que celle de M. Gisquet dans l’arrondissement de Saint-Denis. M. de Frémicourt céda à la prière du préfet de police, et se présenta à Cambrai, en concurrence avec M. Taillandier.

Il allait l’emporter sur son concurrent, lorsque celui-ci apprit que c’était M. de Frémicourt qui avait marié Deutz. M. Taillandier partit à l’instant même pour la Villette, releva l’acte civil qui constatait le fait du mariage de Deutz, se présenta chez M. Pierre Delacour, se fit donner par lui et par les locataires de la maison de la rue de Flandre, no 41, un certificat constatant que jamais Deutz n’avait habité cette maison, et, fort de cet acte et de ce certificat, il renversa son concurrent, qui, quoiqu’il eût ignoré la fraude, fut hué sur cette seule accusation : « M. de Frémicourt est le maire qui a marié Deutz ! »

Il y avait encore, comme on voit, quelques sentiments généreux en France.

Maintenant, qu’est devenu Deutz ? est-il mort misérable, comme quelques-uns l’assurent ? a-t-il passé aux États-Unis, comme quelques autres le prétendent ? Nous ne saurions le dire. Toutes les biographies abandonnent Deutz après son crime, comme si, après ce crime commis, ce Judas fût devenu la chose de Dieu !

Dieu garde tout honnête homme, s’il est vivant, de le coudoyer ! s’il est mort, de passer sur sa tombe !

CCLVII

Le Roi s’amuse. — La critique et la censure.

Tandis que la police de M. Thiers arrêtait madame la duchesse de Berry, à Nantes, la censure arrêtait, à Paris, te drame du Roi s’amuse.

La représentation avait eu lieu le 22 novembre. Je n’en rendrai pas compte : je n’y assistais pas ; un peu de froid