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Page:Dumas - Mes mémoires, tome 10.djvu/191

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MÉMOIRES D’ALEX. DUMAS

critique. Nous devons à ce fatal entêtement du poëte Lucrèce Borgia, Marie Tudor, Ruy Blas, Angelo et les Burgraves.


« M. Hugo, n’a tenu aucun compte de ces vérités : il a voulu obstinément faire des drames, et, loin de modifier son système, il l’a outre-passé d’une manière monstrueuse. Dans ses drames précédents, il avait encore, en donnant dans le bizarre, conservé quelque principe du vrai et du beau, quelque sentiment de la morale et des convenances. Dans le Roi s’amuse, il s’est affranchi de tout ; il a tout foulé aux pieds : Histoire, raison, morale, dignité de l’art, délicatesse. Il y a progrès… »


Ceci toujours en vertu de la même politesse.

Suivons le critique :


« D’abord, le sujet du drame n’est pas historique, quoique des personnages historiques y figurent. Passons ; car, par le temps qui court, c’est une peccadille. Au moins, un auteur consciencieux, en donnant, dans un fait faux, — lisez dans une action fausse, — un rôle à des personnages historiques, s’appliquerait à ne pas les calomnier : l’école actuelle est plus hardie, et connaît peu ces scrupules. Vous allez voir comment M. Hugo vient de traiter sur la scène de la Comédie-Française le roi François Ier, la cour de ce prince, et le poète Clément Marot… »

Ah ! monsieur le critique, il vous appartient bien de défendre les poëtes que l’on traite mal ! avec cela que vous traitez bien M. Hugo, vous ! Il est vrai qu’à vos yeux, M. Hugo n’est pas un poète de la taille de Clément Marot. Retournez la lunette, monsieur le critique, et mesurez à sa taille l’auteur des Odes et Ballades, des Orientales, des Feuilles d’automne, de Notre-Dame de Paris, d’Hernani et de Marion Delorme, quitte à vous dresser sur la pointe du pied, et même à monter sur une chaise, si besoin est.


Au premier acte, nous sommes à la cour de François Ier ;