Aller au contenu

Page:Dumas - Mes mémoires, tome 10.djvu/192

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée
189
MÉMOIRES D’ALEX. DUMAS

on entend les sons d’une musique lointaine ; il y a un bal. Un bal, c’est chose neuve depuis quelques années ! Il y en a dans presque tous les drames… »


Où diable avez-vous vu un bal dans Henri III, monsieur le critique ?… un bal dans Christine, un bal dans Richard Darlington, un bal dans la Tour de Nesle ?… Où avez-vous vu un bal dans Hernani, un bal dans Marion Delorme ?

Il y a, il est vrai, une espèce de musique dans Hernani, une espèce de bal dans Antony ; mais, enfin, vous voyez qu’il n’y a pas abus.


« Bientôt ce sera chose obligée, continue le critique. Donc, François Ier s’amuse ; il fait tout ce qu’il peut pour s’amuser. Les courtisans aussi causent, rient et cherchent à s’amuser. En voilà un grand nombre : M. de Cossé, M. de Simiane, M. de Montmorency, Clément Marot et une foule de gentilshommes, et, au milieu d’eux, le roi et Triboulet, le fou du roi, en manteau de drap d’or et la marotte à la main. Madame de Cossé laisse tomber son gant ; le roi le ramasse. Les gentilshommes rient et causent de la femme à Cossé. Le roi en est amoureux. Triboulet lui donne un conseil pour se défaire du mari : c’est de le faire pendre ; et le roi s’amuse, et les courtisans s’amusent. Du reste, il.ne sera plus question de la femme à Cossé, et nous ne la reverrons pas. C’est vraiment dommage, car elle est jolie.

» L’action ne commence pas encore, mais les conversations continuent. Triboulet dit au roi beaucoup de mal des savants et des poëtes, et nous entendons plus tard François Ier dire qu’il ne fait pas un temps à mettre un poète dehors. De leur côté, les courtisans parlent de la maîtresse de Triboulet. L’un d’eux répond :


Ma foi de gentilhomme,
Je m’en soucie autant qu’un poisson d’une pomme !


Ici, le critique se trompe, et je m’en étonne, son erreur ne lui rapportant rien. Ce n’est pas un gentilhomme qui dit les