Aller au contenu

Page:Dumas - Mes mémoires, tome 10.djvu/200

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée
197
MÉMOIRES D’ALEX. DUMAS

Il continue son analyse :


« Au deuxième acte, Triboulet rôde la nuit auprès d’une maison modeste, voisine de l’hôtel de Cossé. Un homme à la mine hideuse vient lui faire des offres de services. Son métier est de tuer ; il ne prend pas cher, et travaille chez lui et en ville. Triboulet lui répond qu’il n’a pas besoin de lui pour l’instant. Saltabadil — c’est le nom du bandit — s’éloigne, et Triboulet entre dans la maison. Alors, il prononce un long monologue dans lequel il exprime tout ce que lui faitsouffrir son métier de fou du roi. — Ici, M. Hugo a trouvé encore une tirade éloquente et étincelante de beaux vers… »


Pourquoi ne pas les citer, monsieur le critique ? Ah ! oui, les beaux vers, cela écorche la bouche.


« Triboulet entre chez sa fille et lui exprime, poursuit le critique, toute son affection paternelle. Ici encore, ajoute-t-il, quelques beaux vers… »


Et il passe.

Mais est-ce donc si commun, les beaux vers, que vous les dédaigniez ainsi ? En faites-vous ? votre femme en fait-elle ? vos amis en font-ils ? M. Planche en fait-il ? M. Janin en fait-il ? M. Lireux en fait-il… dans le genre de ceux-ci ?


BLANCHE.

…Mon bon père, au moins, parlez-moi de ma mère !

TRIBOULET.


Oh ! ne réveille pas une pensée amère :
Ne me rappelles pas qu’autrefois j’ai trouvé
— Et, si tu n’étais là, je dirais : « J’ai rêvé ! » —
Une femme, contraire à la plupart des femmes,
Qui, dans ce monde, où rien n’appareille les âmes,
Me voyant seul, infirme, et pauvre, et détesté,
M’aima pour ma misère et ma difformité !