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Page:Dumas - Mes mémoires, tome 10.djvu/204

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MÉMOIRES D’ALEX. DUMAS

MAROT,


Elle est là ! Sa folie en furie est tournée.

TRIBOULET, reculant avec désespoir,

Courtisans ! courtisans ! démons ! race damnée !
C’est donc vrai qu’ils m’ont pris ma fille, ces bandits !
Une femme, à leurs yeux, ce n’est rien, je vous dis !
Quand le roi, par bonheur, est un roi de débauches,
Les femmes des seigneurs, lorsqu’ils ne sont pas gauches,
Les servent fort. — L’honneur d’une vierge, pour eux,
C’est un luxe inutile, un trésor onéreux.
Une femme est un champ qui rapporte, une ferme
Dont le royal loyer se paye à chaque terme.

. . . . . . . . . . . . . . . . . . . .

N’est-ce pas que c’est vrai, messeigneurs ? En effet,

Vous lui vendriez tous, si ce n’est déjà fait,
Pour un nom, pour un titre, ou toute autre chimère.

(À M. de Brion.)
Toi, ta femme, Brion !
(À M. de Gordes.)
Toi, ta femme, Brion ! Toi, ta sœur !
(Au jeune page de Pardaillan.)
Toi, ta femme, Brion ! Toi, ta sœur ! Toi, ta mère ?


Et le critique s’étonne que tous ces seigneurs se taisent Cela ne nous étonne pas, surtout s’ils ont des enfants.

Est-ce que ce désespoir d’un père qui perd sa fille n’est pas assez effrayant, assez solennel, assez menaçant pour qu’on fasse un instant silence devant lui ?

L’auteur de l’ouvrage, qui est père, qui a écrit ce magnifique vers :


Et les cœurs de lion sont les vrais cœurs de père,


l’a cru, lui. Il s’est trompé ? — Tant mieux pour lui. G’est vous qui avez raison ? — Tant pis pour vous !

— Mais, si cela est ainsi, dites-vous, il eût dû nous prévenir devoir une beauté là où nous voyons un défaut.

Oh ! il vous a prévenu, et à haute voix. Écoutez plutôt :