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Page:Dumas - Mes mémoires, tome 10.djvu/209

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MÉMOIRES D’ALEX. DUMAS

voir l’être à ses risques et périls : mais toujours avec gravité et mesure ; il veut l’art chaste, mais non pas l’art prude. »


Revenons au critique.


« C’est à minuit que Saltabadil doit livrer le cadavre. Le roi, à moitié ivre, estchez Saîtabadil, sans défense et couché, et il est onze heures trois quarts. Maguelonne supplie son frère d’épargner un si joli garçon. Le brigand refuse, car il est un honnête brigand, et fait son métier en conscience ; seulement, il désire que quelqu’un se présente pour le tuer et le livrer au lieu de l’autre. Blanche est revenue et a tout entendu ; elle a été violée par le roi ; elle ne l’aime pas, il courtise les femmes les plus infâmes. Bianche va mourir pour lui ! C’est là un dévouement de jeune fille qui n’a pu être conçu que par M. Victor Hugo… »


Pourquoi cela ? voulez-vous dire que Victor Hugo soit le seul qui ait le cœur assez grand pour comprendre ce dévouement ? Aors, il me semble que le blâme tourne singulièrement à la louange.


« Blanche frappe à la porte, entre… et la toile tombe.

» Pourquoi M. Hugo ne nous a-t-il pas montré l’assassinat ? Une horreur de plus, qu’est-ce que cela ?

» Au cinquième acte, Triboulet vient devant, le cabaret. La nuit est orageuse ; minuit sonne. Alors, le brigand ouvre sa porte, et traîne par terre uu sac qui contient un cadavre. Il reçoit le reste des vingt écus, et ferme sa porte. Triboulet met le pied sur le cadavre en disant :


Ceci, c’est un bouffon ! et ceci, c’est un roi !


Puis il s’achame sur le cadavre ; il fait encore des imprécations, et se pavane, et parle de gloire, et de révolution, et de