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Page:Dumas - Mes mémoires, tome 10.djvu/210

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MÉMOIRES D’ALEX. DUMAS

couronne, et revient au cadavre en lui adressant ce vers assez extraordinaire :


M’entends-tu ? m’efitends-tu ? m’entends-tu ? m’entends-tu ?… »


En effet, le vers seraitassez extraordinaire s’il y était ; mais, par malheur, ce vers n’y est pas.

Voici le vers qui y est, ou plutôt les vers qui y sont :


Je te hais, m’entends-tu ? c’est moi, roi gentilhomme ;
Moi, ce fou, ce bouffon ; moi, cette moitié d’homme,
Cet animal douteux à qui tu disais : « Chien ! »
C’est que, quand la vengeance est en nous, vois-tu bien,
Dans le cœur le plus mort, il n’est plus rien qui dorme ;
Le plus chétif grandit, le plus vil se transforme,
L’esclave tire alors sa haine du fourreau,
Et le chat devient tigre, et le bouffon bourreau !


Il y a loin de là, vous en conviendrez, à ce vers inventé par le critique.


M’entends-tu ? m’entends-tu ? m’entends-tu ? m’entsnds-tu ?


« Enfin, continue notre Aristarque, après un monologue interminable (interminable, oui, si vous avez entendu tous les vers à la façon dont vous avez entendu celui que vous citez, mais qui vous semblerait court, monsieur le critique, si vous étiez poète !) après un monologue interminable, Triboulet tire le cadavre à lui et va le jeter à la Seine, lorsque sort du cabaret un chevalier qui s’éloigne le long du quai. Triboulet a reconnu le roi ; alors il déchire le sac, et, à la lueur d’un éclair, il reconnaît sa fille ! Il appelle au secours ; on vient avec des flambeaux. Blanche respire encore. On va chercher un médecin ; à peine est-il arrivé, qu’elle meurt, et, au même instant, Triboulet tombe mort.

» Telle est cette pièce monstrueuse, où l’histoire est méprisée, les mœurs du temps méconnues ; des caractères tels que ceux de François Ier et de Clément Marot avilis, calomniés ; où étincellent à peine quelques beaux vers pour racheter