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Page:Dumas - Mes mémoires, tome 10.djvu/211

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MÉMOIRES D’ALEX. DUMAS

le vide de la conception, l’absence d’une conduite habile, le manque absolu d’intérêt ; où, enfin, se mêlent, comme dans un chaos, l’horrible, l’ignoble, l’immoral. »


Eh bien, monsieur le critique, êtes-vous content ? Vous êtes-vous bien vengé de l’homme de génie ? avez-vous bien foulé aux pieds son drame, comme Triboulet le cadavre de celui qu’il croit son ennemi ?

Non ! et vous recommencez votre monologue. Ah ! celui-là, vous le trouvez court, n’est-ce pas ? C’est celui de la haine.

Continuez donc ! ce n’est pas une haine sans cause, que la haine du petit contre le grand, et parfois, comme Triboulet nous l’a fait voir à l’endroit du roi, et comme vous allez nous le faire voir à l’endroit du drame, parfois elle tue.


« La première représentation, ajoute le critique, a offert le scandale d’admirateurs forcenés et tumultueux qui, à chaque coup de sifflet qui se faisait entendre, s’écriaient : « À bas les stupides ! à la porte les brutes ! « C’était une cohorte nombreuse d’amis introduite dans la salle avant l’heure accoutumée, une cohorte bien disciplinée, et applaudissant à outrance tout ce qui donnait au public un véritable dégoût. Cependant, malgré cette claque extraordinaire, les sifflets ont été assez forts pour que le nom de M. Victor Hugo n’ait été jeté que dans le tumulte.

» Malgré cette chute éclatante, on annonce pour jeudi une seconde représentation.’ » Hernani, comparé à ce drame, est un véritable chef-d’œuvre… (ah ! monsieur le critique, si nous avions le temps, comme nous lirions ce que vous avez dit d’Hernani ! ) et l’on peut appliquer à M. Victor Hugo l’épigramme de Boileau contre Corneille.


Après l’Agésilas,
Hélas !
Mais, après l’Attila,
Holà ! »


Croyez-vous, monsieur le critique, que ces quatre vers de Boileau contre l’auteur du Cid, de Cinna et de Polyeucte ne