on me bannit du théâtre ; demain, on me bannira du pays ; aujourd’hui on me bâillonne : demain, on me déportera ; aujourd’hui, l’état de siège est dans la littérature : demain, il sera dans la cité ; de libertés, de garanties, de chartre, de droit public, plus un mot ; néant ! Si le gouvernement, mieux conseillé par ses propres intérêts, ne s’arrête sur cette pente pendant qu’il est temps encore, avant peu nous aurons tout le despotisme de 1807, moins la gloire ; nous aurons l’Empire, moins l’empereur.
» Je n’ai plus que quatre mots à dire, messieurs, et je désire qu’ils soient présents à votre esprit au moment où vous délibérerez. Il n’y a eu dans ce siècle qu’un grand homme, Napoléon, et qu’une grande chose, la liberté ! Nous n’avons plus le grand homme ; tâchons d’avoir la grande chose. »
Il va sans dire que le tribunal se déclara incompétent, et qu’aucune justice ne fut rendueau poëte.
CCLVIII
Du reste, mieux valait, à cette époque, un procès politique qu’un procès littéraire, et l’on était bien autrement sûr d’être acquitté ; si l’on avait conspiré contre le gouvernement que si l’on avait conspiré contre l’Académie.
Le procès du journal le Corsaire suivit celui du Roi s’amuse, ou même le précéda, je crois.
Le Corsaire était alors républicain : il avait rendu compte des journées des 5 et 6 juin à notre point de vue, à nous. Voici comment il s’était exprimé ; — nous citons seulement le passage qu’incriminait le ministère public.
« … La garde nationale de la banlieue est arrivée, et c’est