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Page:Dumas - Mes mémoires, tome 10.djvu/231

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MÉMOIRES D’ALEX. DUMAS

dans la cour même des Tuileries qu’on lui a distribué des cartouches et de l’eau-de-vie.

» Tout à coup, sur le quai aux Fleurs, sur le quai de la Mégisserie, dans la rue Saint-Martin, près du cloître Saint-Merri, dans la rue Montmartre, dans la rue Saint-Honoré, on entendit gronder la fusillade. Bientôt le canon s’en mêla ; et, pendant ce temps, une soldatesque considérable se portait aux issues des divers quartiers ; le tambour répétait des invitations que la grande masse des citoyens écoutait insouciante et se refusant à la guerre civile.

» Une partie de la ville était barricadée.

» Une promenade royale a eu lieu. Le roi des Français et son fils le duc de Nemours, accompagnés de M. de Montalivet, l’épée à la main, et de M. d’Argout, armé de la béquille qu’il ne quitte plus depuis sa dernière maladie, comme disent assez grotesquement les journaux du ministère, ont parcouru les boulevards, et sont revenus par les quais.

» Plus de quinze cents hommes de cavalerie escortaient le roi.

» Pendant ce temps, le sang ruisselait dans le quartier Saint-Martin. La garde nationale de la banlieue montrait une excitation dont il était difficile de bien connaître la cause ; la fusillade ne cessait pas ; plus de quarante mille hommes agissaient… »


Cet article était poursuivi pour provocation à la rébellion.

Comme on le voit, il n’était pas bienveillant à l’égard du gouvernement de juillet, et la question devait, à notre avis, être posée d’une tout autre façon.

Le gouvernement attaqué avait-il le droit de se défendre ? Sans aucun doute. Avait-il le droit de distribuer de l’eau-devie et des cartouches dans la cour des Tuileries ? Certainement ! — N’avons-nous pas vu M. de Rumigny distribuer de la poudre, des balles et du vin au Palais-Royal, le 31 juillet et le 1er août, le matin de la promenade de Rambouillet, enfin ? Oui ; mais, alors, l’action-était sympathique, et l’on y applaudissait, tandis que, aujourd’hui, une immense opposi-