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Page:Dumas - Mes mémoires, tome 10.djvu/237

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MÉMOIRES D’ALEX. DUMAS

fait mon testament, et réglé mes affaires. Le soin de mes intérêts reste confié aux mains les plus honorables et les plus amies : M. James Nicol, négociant anglais, ici, — et M. Cordier, à Calcutta.

» M. Nicol fut mon hôte à mon arrivée à Bombay. Un vieil ami ne m’aurait pas prodigué des soins plus affectueux. Cependant, au bout de quelques jours, quand j’étais encore transportable, je quittai sa maison, qui est dans le fort, pour venir occuper un appartement commode et spacieux au quartier des officiers malades, dans la position la plus aérée et la plus salubre, au bord de la mer, et à cent pas de chez mon médecin, le docteur Mac Lennan, le plus habile de Bombay, et dont les soins admirables ont fait, depuis longtemps déjà, pour moi, un ami bien cher.

» Ce qu’il y a, cher Porphyre, de plus cruel dans la pensée de ceux que nous aimons, mourant dans des contrées lointaines, c’est l’idée de l’isolement et de l’abandon dans lesquels peuvent s’être passées les dernières heures de leur existence. Eh bien, mon ami, tu devras trouver quelque consolation dans l’assurance que je te donne, que, depuis mon arrivée ici, je n’ai cessé d’être comblé des attentions les plus affectueuses et les plus touchantes d’une quantité d’hommes bons et aimables. Ils viennent me voir sans cesse, caressent mes caprices de malade, préviennent toutes mes fantaisies : M. Nicol, avant tous ; M. John Box, un des membres du gouvernement ; un vieux colonel du génie, M. Goodfellow, et un bien aimable jeune officier, le major Mountain ; et d’autres encore que je ne dis pas.

» L’excellent Mac Lerinan a presque compromis sa santé pour moi : c’est que, pendant quelques jours, dans une crise qui semblait ne me laisser aucune chance de vie, il venait deux fois la nuit.

» J’ai dans son habileté la confiance la plus absolue.

» Mes souffrances ont été bien grandes d’abord ; mais, depuis longtemps, je suis réduit à un état de faiblesse qui en est presque exempt. Le pis est que, depuis trente et un jours, je n’ai pas dormi, en tout, une heure. Cependant, ces nuits