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Page:Dumas - Mes mémoires, tome 10.djvu/25

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MÉMOIRES D’ALEX. DUMAS

bien coupables envers leur pays, les députés si-prompts à désavouer les efforts du peuple. »

— Mais, demanda François Arago, tout n’est-il donc pas fini ?

— Non, dit un homme du peuple qui était là, et qui écoutait notre conversation ; car on entend le tocsin de l’église Saint-Merri, et, tant que le malade râle, il n’est pas mort.

L’expression me frappa, et l’on voit que je ne l’ai pas oubliée.

CCXLIV

L’intérieur de la barricade Saint-Merri, d’après un enfant de Paris. — Le général Tiburce Sébastiani. — Louis-Philippe pendant l’insurrection. — M. Guizot. — MM. François Arago, Laffitte et Odilon Barrot aux Tuileries. — La dernière raison des rois. — Étienne Arago et Howelt. — Dénonciation contre moi. — Rapport de M. Binet.

Pendant que MM. Laffitte, François Arago et Odilon Barrot se rendent chez le roi, voyons te qui se passe derrière la barricade Saint-Merri.

Une de ces bonnes fortunes, comme il nous en arrive quelquefois, va nous permettre d’y conduire le lecteur.

Un enfant de quatorze ans qui se trouvait là, et qui, depuis, est devenu un homme, et un homme très-distingué, trois ans après l’insurrection éteinte, m’envoya les détails suivants, écrits de sa main, et que je reproduis dans toute leur simplicité.

Au bout de dix-neuf ans, je retrouve le papier froissé, l’encre jaunie, mais le récit exact et fidèle.

LA BARRICADE SAINT-MERRI.

« Dans la matinée du 5 juin 1832, mon père m’envoya faire une commission sur le boulevard du Temple.

« Ce jour-là, jour de l’enterrement du fameux général La-