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MÉMOIRES D’ALEX. DUMAS

science ; Jean Sue, qui fut chirurgien en chef de l’hôpital de la Charité, professeur de l’École de médecine, professeur d’anatomie à i’École des beaux-arts, chirurgien du roi Louis XVI.

Ce dernier eut pour successeur et continuateur Jean-Joseph Sue, qui outre la place de professeur des Beaux-Arts, qu’il hérita de son père, devint médecin en chef de la garde impériale, ét, plus tard, médecin en chef de la maison militaire du roi

Ce fut le père d’Eugène Sue, — et le même qui soutint contre Cabanis la fameuse discussion à propos de la guillotine, lorsque son inventeur prétendit que les guillotinés en seraient quittes, pour une légère fraîcheur sur le cou ; Jean-Joseph Sue était, au contraire, pour la persistance de la douleur, et il défendit son opinion par des arguments qui prouvaient sa science profonde de l’anatomie, et par des exemples pris, les uns chez les médecins allemands, et les autres sur nature.

Nous avons lu toute cette discussion à propos de nos Mille et un Fantômes ; et nous déclarons y avoir pris un vif intérêt.

Eugène Sue naquit le 1er janvier 1803. Il a, par conséquent, cinq mois de moins que moi, et quelques jours de plus que Victor Hugo.

Il eut pour parrain le prince Eugène, pour marraine l’impératrice Joséphine ; de là son prénom d’Eugène.

Il fut nourri par une chèvre, et a conservé longtemps les allures brusques et sautillantes de sa nourrice.

Il fit ou plutôt ne fit pas ses études au collège Bourbon : — comme tous les hommes qui doivent conquérir dans les lettres un nom original et une position éminente, c’était un exécrable écolier.

Son père, médecin de dames, faisant un cours d’histoire naturelle à l’usage des gens du monde, s’était remarié trois fois. Il était riche de deux millions, à peu près, et demeurait rue du CIiemin-du-Rempart, rue qui a disparu, et qui était située derrière la Madeleine. Tout ce quartier alors était oc-