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Page:Dumas - Mes mémoires, tome 10.djvu/255

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MÉMOIRES D’ALEX. DUMAS

vin de Tokai au cachet impérial, et on la vida jusqu’à la dernière goutte ; puis on Ht disparaître la bouteille.

Le lendemain, ce fut le tour du johannisberg ; le surlendemain, du liebfraumilch ; le jour suivant, de l’alicante.

On fit deces trois bouteilles comme de la première.

Mais James Rousseau, qui était l’aîné, et qui, par conséquent, avait une science du monde supérieure à celle de ses jeunes amis, lesquels hasardaient leurs premiers pas sur le terrain glissant de la société, James Rousseau fit judicieusement observer qu’au train dont on y allait, on creuserait bien vite un gouffre, que l’œil du docteur Sue plongerait au fond de ce gouffre, et qu’il y trouverait la vérité.

Il fit alors cette proposition astucieuse, de boire chaque bouteille au tiers seulement, de la remplir d’une composition qui, autant que possible, se rapprocherait du vin, de la reboucher artistement, et de la remettre ensuite à sa place.

Ferdinand Langé approuva la proposition , et ajouta un amendement : c’était de procéder à cette grande solennité de l’ouverture de l’armoire à la .manière antique, c’est-à-dire avec accompagnement de chœurs ;

Ces deux propositions passèrent à l’unanimité.

Le même jour, on ouvrit l’armoire sur nn chœur imité de la Leçon de botanique de Dupaty.

Le coryphée chantait :


Que l’amour et la botanique
N’occupent pas tous les instants ;
Il faut aussi que l’on s’applique
À boire le vin des parents !

CHŒUR.

Buvons le vin des grands parents !


Et on joignait l’exemple au précepte.

Une fois en train, on composa un second chœur pour le travail. — Ce travail consistait particulièrement à empailler