allons en Grèce ; nous offrons notre bras et notre sang ; on accepte, et on ne nous paye pas… Nous manquons vingt fois d’être assassinés ! Alors, nous quittons cette terre inhospitalière, et nous revenons servir le roi dans nos grades respectifs.
» Vous voyez, monsieur le préfet, qu’il n’y avait rien à faire de ce côté.
» Je m’adressai au curé… Écoutez encore.
» — Monsieur le curé va rejoindre sa paroisse ?
» — Oui, monsieur.
» — La paroisse de M. le curé est considérable ?
» — Non, monsieur.
» — Alors, les appointements de M. le curé doivent être fort médiocres ?
» — Oui, monsieur.
» — Mais c’est affreux, des appointements médiocres ! Comment veut-on que le clergé soutienne le trône, si on le paye aussi mal ?
» — Monsieur, je ne me plains pas ; car je trouve encore de quoi secourir quelques malheureux.
» — Mais, monsieur le curé, secourir les malheureux » sans doute c’est fort beau ; mais vous devez vivre de privations ?
» — Monsieur, j’ai fait vœu de chanté et d’humilité ; je suis fidèle à mon vœu.
» — Mais, monsieur le curé, je connais des habitants de Montrouge qui ont aussi fait ; ce vœu-là, et ça n’empêche pas…
» — Monsieur, je n’habite pas Montrouge ; je suis ; un homme honnête, pieux, et je sais aimer Dieu sans haïr mon prochain.
» À ces mots, il se remet à lire son bréviaire.
» Il ne me restait qu’à exploiter le gros monsieur et la grosse dame ; ils ronflaient à qui mieux mieux…
» Je pris le parti d’éveiller le gros monsieur pour lui demander l’heure : il accueillit ma demande assez peu civilement ; mais il était éveillé, et c’est ce que je voulais. J’engageai la conversation, et j’appris qu’il était électeur… Électeur ! hein ! monsieur le préfet… électeur ! quelle mine !… Eh bien, pas du tout. Écoutez encore.