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Page:Dumas - Mes mémoires, tome 10.djvu/278

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MÉMOIRES D’ALEX. DUMAS

» — Peut-on savoir de quel côté monsieur votera ?

» — Pardieu ! monsieur, du bon côté.

» — Comment, monsieur ? lequel ?

» — Y en a-t-il donc tant ?… Celui où se trouve l’amour du roi et une juste liberté !

» Et de trois !… Vous avouerez, monsieur le préfet, qu’il est excessivement désagréable de perdre ainsi un temps précieux ; aussi, pour l’éviter, je serais assez d’avis de faire surveiller d’abord les deux grands militaires. Ils aiment le roi, c’est bien ; ils sont braves, c’est très-bien ; mais ils ont combattu les Turcs, et c’est suspect. — Et ce prêtre qui fait du bien, qui n’habite pas Montrouge… c’est suspect ! très-suspect ! car, enfin, il ne suffit pas d’aimer Dieu et son prochain : il faut savoir se faire respecter. — Quant au gros monsieur, il avait un air goguenard avec son bon côté ! La grosse dame a rappelé certaine époque, où l’on assommait les chiens : j’ai pris cela pour une personnalité. Tenez, si vous m’en croyez, nous dénoncerons toute la voiture ; si ça Défait pas de mal, cane pent pas faire de bien. Vous voyez… toujours fidèle à nos principes ;

» Nous sommes arrivés à ***. J’attends de nouvelles instructions.

» J’ai l’honneur d’être, etc.

 » L’Homme-Mouche. »


Troisième lettre de l’Homme-Mouche.


À Monsieur le préfet de police.


« Monsieur le préfet,

» J’ai reçu vos nouveaux ordres à mon arrivée à ***. Je suis logé d’une manière commode et agréable ; j’ai surtout un fort joli cabinet où je travaille. Je mange à table d’hôte, parce qu’on peut mieux observer. Le théâtre n’est pas très-bon ; mais il faut bien aller quelque part

» Je vous avouerai que je ne goûte pas du tout la manière de voir des acteurs.