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MÉMOIRES D’ALEX. DUMAS

En ce moment, Déjazet descendait de sa loge avec un uniforme de colonel autrichien.

— Ah ! mon Dieu s’écria Desforges en l’arrêtant, que joues-tu donc là ?

— Ce que je joue ?… Mais je joue le Fils de l’homme… Allons, laissez-moi passer, monsieur l’auteur !

Les bras tombèrent à Desforges, et Déjazet passa.

Ce grand évènement que préparait le théâtre, des Nouveautés, c’était, en effet, la représentation du Fils de l’Homme ; seulement, Bossange, qui craignait quelque empêchement du ministère, avait gardé le plus profond silence, et, comme on vient de le voir, jouait la cornédie à l’improviste[1].


CCLXIV

Les duels politiques.

Au commencement, de l’année 1833, qui s’ouvre maintenant devant nous, les yeux de la France tout, entière étaient tournés vers le château de Blaye, où avait été écrouée madame la duchesse de Berry.

Le 28 janvier, à propos d’une pétition adressée à la chambre des pairs par quelques pensionnaires de l’ancienne liste civile, une interpellationi fut adressée au ministère par M. de Dreux-Brézé, relativement à la détention de la princesse.

Il faut, dire, au reste qu’à part quelques exceptions, le sens moral de la France ; se soulevait contre cette détention, comme il se souleva depuis.contre celle d’Abdel-Kader.

M. de Dreux-Brézé avait demandé la parole ; la parole lui avait été accordée.

Il monta à la tribune.

— Puisque la Chambre m’accorde la parole, dit-il, je me permettrai de lui faire remarquer que le droit de pétition, con-

  1. Voir la biographie complète d’Eugène Sué, dans les Morts vont vite, t. II}, p. 1.