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MÉMOIRES D’ALEX. DUMAS

pour la liberté de la duchesse de Berry, quand on sait l’usage qu’elie en fait, pourrait être ainsi interprétée.

Puis le ministre de l’intérieur ajouta quelques mots, disant que, bien que le château de Blaye fût un séjour insalubre, il était de notoriété publique que jamais la ville n’avait été atteinte d’aucune épidémie. Il ne comprenait donc pas cette animosité des partis, qui prétendaient que le lieu de cette détention avait été choisi à dessein pour nuire à la santé de l’auguste prisonnière.

L’incident n’eut pas d’autre suite. La chambré des pairs, depuis que le duc de Fitz-James et M. de Chateaubriand avaient donné leur démission, n’était plus guère qu’une espèce de greffe où l’on enregistrait les lois de la chambre des députés.

Or, il arriva que, malgré l’affirmation du garde des sceaux et de M. le ministre de l’intérieur, la santé de la duchesse de Berry donna bientôt d’assez vives inquiétudes pour que le gouvernement expédiât à Blaye MM. Orlila et Auvity.

Leur départ fut annoncé par un journal du gouvernement, le Nouvelliste, je crois. Il se bornait à dire que tes deux illustres praticiens avaient à examiner une question importante, de médecine légale.

La vague concision de cette note souleva de tous côtés des commentaires.

Le Nouvelliste, mis en demeure de s’expliquer, inséra la note suivante :

« Plusieurs journaux se livrent à mille conjectures sur la mission de MM. Orlila et Auvity pour le château de Blaye. Cette mission n’a pourtant rien qui puisse justifier la multitude des commentaires quelle fait naître. L’état de madame la duchesse de Berry ne présente rien d’inquiétant ; seulement, elle est depuis quelque temps assez indisposée pour qu’il ait paru convenable de lui offrir l’occasion de consulter, sur sa santé, deux des hommes les plus dignes de confiance, M. Orfila, doyen de la faculté de médecine, et M. Auvity, dont l’un a été son médecin ordinaire, et l’autre son médecin consultant. La position de prisonnière où se trouvait madame la