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MÉMOIRES D’ALEX. DUMAS

— C’est donc vous qui vous battez ?

— Pardieu ! répondit Carrel.

— Et quand cela ?

— Demain.

— C’est décidé ?

— Parfaitement décidé.

— Je présume que vous avez déjà vos témoins ?

— Oui.

— C’est… ?

— Grégoire et d’Hervas.

— Et vous vous battez… ?

— À l’épée… Je suis comme vous : je tire peut-être mieux le pistolet que l’épée ; mais j’avoue que j’ai un faible pour l’épée : à l’épée, on défend sa vie ; au pistolet, on la livre.

— Vous n’avez pas besoin de moi ?

— Non.

— En rien ?

— Merci.

— Bonne chance, cher ami !

Carrel fit un mouvement d’épaules qui signifiait : « Il en sera ce qu’il plaira à Dieu ! »

Je rentrai chez moi, où je trouvai deux de mes amis qui m’attendaient pour le cas où je serais porté sur la liste. Je leur annonçai la résolution de Carrel. Carrel était si parfaitement brave, que cela n’étonna personne, qu’il se fit le champion de la République, — quoique ce fût un singulier républicain, — et qu’il prit le duel pour son compte.

Pendant ce temps, c’est-à-dire le 1er février 1833, la réponse de M. Albert de Calvimont était portée à la Tribune par MM. Albert Berthier et Théodore Anne, chargés de maintenir la lutte sur le terrain individuel, le seul que M. Albert de Calvimont voulût accepter.

La discussion fut longue entre les deux témoins de M. Albert de Calvimont et M. Marrast, auquel s’adressait la réponse de M. de Calvimont. M. Marrast, entouré de tous ses amis, et poussé par eux, voulait une véritable bataille dans laquelle les forces des deux partis eussent donné ; les amis de M. vie