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Page:Dumas - Mes mémoires, tome 10.djvu/302

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MÉMOIRES D’ALEX. DUMAS

Calvimont, de leur côté, ne pouvaient qu’offrir le duel, tout accord autre que celui-là les exposant à un désaveu.

Au milieu de la discussion arriva une communication du National : elle annonçait la provocation reçue par Carrel. On tint conseil, et l’on décida qu’il ne fallait prendre aucun engagement avant de savoir ce que ferait Carrel lui-méme.

On se borna donc, pour le moment, à mettre la communication sous les yeux des deux témoins de M. de Calvimont, et à ajourner la discussion jusqu’au soir.

Le soir, la décision de Garrel fut connue : il avait choisi M. Roux-Laborie fils, non-seulement comme royaliste, mais encore parce que M. Roux-Laborie était fils d’un homme qui avait des intérêts dans le Journal des Débats, journal dévoué à la royauté de juillet.

Les détails du combat furent réglés entre MM. Grégoire et d’Hervas, témoins de Carrel, — et Théodore Anne et Albert Berthier, témoins de M. Roux-Laborie.

Carrel, comme provoqué, avait le choix des armes : il choisit l’épée.

Le lendemain samedi, 2 février, — jour de la première représentation de Lucrèce Borgia, — M. Roux-Laborie, accompagné de MM. Berthier et Théodore Anne, se rendit à la barrière de Clichy, où arriva presque immédiatement Armand Carrel, assisté de M. d’Hervas, capitaine de chasseurs, et de Grégoire.

Les deux adversaires restèrent chacun dans sa voiture ; les témoins descendirent et s’abouchèrent.

Alors, un incident qui, avec un autre homme que le brave et loyal Carrel, eût fait manquer la rencontre s’éleva entre les témoins. Les seconds de M. Roux-Laborie, d’après les instructions reçues des chefs du parti carliste, déclarèrent que leur ami était prêt à répondre de son défi, mais qu’il désirait seulement se battre avec un autre que Carrel, attendu que les sentiments que les légitimistes avaient pour le rédacteur en chef du National étaient bien plutôt des sentiments de reconnaissance que des sentiments de haine, Carrel ayant, devant les assises de Blois, par sa déposition franche et loyale.