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Page:Dumas - Mes mémoires, tome 10.djvu/304

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MÉMOIRES D’ALEX. DUMAS

Dugua, pansait son client, Dumont, médecin de Carrel, constatait une blessure grave à l’aine.

M. Roux-Laborie put être emmené en voiture ; mais, pour Carrel, la chose fut impossible. On courut à l’usine, on prit un matelas que l’on étendit sur un brancard de charrette qui se trouvait là, on plaça Carrel sur le matelas, et ses témoins, aidés des amis de M. Roux-Laborie, qui étaient restés auprès d’eux, transportèrent le blessé à l’usine, où l’on s’empressa de lui donner l’hospitalité.

Carrel fut saigné par Dumont ; mais son état était trop grave pour qu’il pût être ramené en voiture à Paris : c’eût été provoquer un accident fatal, le mouvement de la voiture pouvant amener l’extravasation du sang.

Un des témoins de M. Roux-Laborie courut à Clichy, et rapporta une civière sur laquelle on put ramener Carrel à sa maison de la rue Blanche.

— On envoya chercher aussitôt M. Dupuytren, qui accourut.

La blessure était grave : l’épée était entrée de trois pouces, à peu près, et avait traversé le foie ; on ne pouvait encore rien préjuger sur le résultat de l’accident.

Le même soir, le bruit de l’événement se répandit dans Paris, avec la rapidité des mauvaises nouvelles.

Il faut avoir vécu à cette époque d’exaltation et d’enthousiasme pour avoir idée du prestige qui s’attachait au nom de Carrel.

Le lendemain, le duel et les détails du duel faisaient le premier-Paris de tous les journaux.

Nous ouvrons au hasard le premier venu ; — c’est le Corsaire.

Lisons :


« 2 février 1833. — C’est avec une inexprimable douleur que tout ce qui porte un cœur généreux a connu hier la nouvelle de la blessure qu’a reçue M. Armand Carrel, dans une rencontre avec M. Roux-Laborie, un des légitimistes dont les noms avaient été envoyés au National. Mais il est tout à fait impossible de faire comprendre quelles ont été l’indignation et l’af-