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Page:Dumas - Mes mémoires, tome 10.djvu/312

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MÉMOIRES D’ALEX. DUMAS

Le premier acte de liberté que firent ces messieurs fut de se mettre à la disposition de MM. d’Hervas et Achille Grégoire ; seulement, ne voulant pas engager cette succession de combats posée en principe, ils choisirent leurs témoins parmi les républicains.

Ainsi MM. Mathieu et Alexis Dumesnil devinrent les témoins de M. Berthier, et Étienne Arago et Anténor Joly ceux de M. Théodore Anne.

Mais, le 15 au matin, MM. Théodore Anne et Albert Berthier reçurent cette lettre écrite en double par Carrel.

Nous avons sous les yeux cellejjui était adressée à Théodore Anne.


 » Paris, 45 février 1833.

» J’ai appris, monsieur, avec une satisfaction bien vive, qu’aujourd’hui, enfin, vous aviez été rendu à vos affaires et’ à vos amis. Je ne saurais protester trop énergiquement contre le motif sur lequel on a osé fonder votre détention arbitraire ; mais j’ai surtout besoin de vous dire, monsieur, combien j’ai été sensible aux soins que votre loyauté généreuse m’a prodigués au momen t où je pouvais craindre de n’avoir de droits qu’à la douleur et à l’active sollicitude de mes témoins et amis. Dans ce moment périlleux pour moi, il m’a été difficile de distinguer entre le dévouement des amis qui avaient voulu soutenir ma cause et partager mes dangers, et la courtoisie généreuse des hommes d’honneur que M. Roux-Laborie avait choisis pour seconds. Croyez, monsieur, que j’ai tout vu, tout remarqué dans le temps même où des souffrances aiguës semblaient me refuser la lumière, et que je n’oublierai jamais les empressements dont vous m’avez personnellement comblé. C’est assez vous dire, monsieur, combien j’ai été désolé que mes témoins aient cru devoir, cédant à l’émotion du moment, chercher en vous et en M. Berthier des adversaires ; à l’avenir, il ne me sera plus permis de vous compter qu’au nombre des gens qui me veulent du bien, et à