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Page:Dumas - Mes mémoires, tome 10.djvu/317

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MÉMOIRES D’ALEX. DUMAS

de Paris, membre titulaire de l’Académie royale de médecine, a fait la déclaration suivante :

» — Je viens d’accoucher madame la duchesse de Berry, ici présente, épouse en légitime mariage du comte Hector de Lucchesi-Palli, des princes de Campo-Franco, gentilhomme de la chambre du roi des Deux-Siciles, domicilié à Palerme.

» M. le comte de Brissac et madame la comtesse d’Hautefort interpellés par nous s’ils signeraient la relation de ce dont ils ont été témoins, ont répondu qu’ils étaient venus ici pour donner leurs soins à la duchesse de Berry, comme amis, mais non pour signer un acte quelconque.

» De tout quoi nous avons dressé le présent procès-verbal en triplé expédition, dont l’une a été déposée en notre présence aux archives de la citadelle ; les deux autres ont été remises à M. le général Bugeaud, gouverneur, que nous avons chargé de les adresser au gouvernement, et avons signé après lecture faite, les jour, mois et an que dessus. »


À notre avis, madame la duchesse de Berry eut un tort plus grave que celui d’épouser M. le comte de Lucchesi-Palli, — noble et loyal gentilhomme sicilien, du reste, dont j’ai eu l’honneur de connaître la famille pendant mon voyage en Sicile. — Ce tort, ce fut de signer la déclaration du 22 février et le procès-verbal d’accouchement du 10 mai 1833 ; aucune puissance humaine ne pouvait l’y contraindre, et l’opposition contre le gouvernement était telle à cette époque, que toute pièce officielle non signée de madame la duchesse de Berry pouvait être, sinon avec bonne foi, du moins avec succès, répudiée comme apocryphe. Entre la dénégation du parti carliste et l’afiirmation du juste milieu, l’opinion publique fût demeurée indécise.

C’est ainsi que l’on traversa une des périodes les plus fiévreuses du commencement du règne de Louis-Philippe. Elle eut-un avantage réel : ce fut de rapprocher, non point comme opinion, mais comme estime, le parti carliste du parti républicain. MM. Théodore Anne et Berthier, en touchant la main de MM. d’Hervas et Grégoire, de même que Carrel en tou-