Aller au contenu

Page:Dumas - Mes mémoires, tome 10.djvu/39

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée
36
MÉMOIRES D’ALEX. DUMAS

mes œuvres, dansl’épilogue de Gaule et France, dans ma lettre datée de Reichenau au duc d’Orléans, dans ma visite à Arenenberg, dans mes articles sur la mort du duc d’Orléans.

Cette promenade, au reste, pensa ouvrir la série des meurtres tentés contre Louis-Philippe ; — car on ne peut sérieusement regarder comme une tentative de meurtre le coup de cabriolet dont le menaça, sur la place du Carrousel, M. Berthier de Sauvigny. — Sur le quai, non loin de la place de Grève, une jeune femme le coucha en joue avec le fusil de son mari blessé ; mais l’arme était trop lourde, la main trop faible : le poids du fusil fit baisser la main, et le coup ne partit pas.

Vers deux heures, le roi rentra.

M. Guizot l’attendait dans son cabinet.

L’homme d’État et le roi restèrent une heure ensemble.

Nul De sait ce qui fut décidé dans ce tête-à-tête ; mais, à coup sûr, M. Guizot, avec le caractère que nous lui connaissons, ne dut pas être pour les moyens conciliants.

Comme M. Guizot sortait par une porte, une calèche découverte amenait MM. François Arago, Laffitte et Odilon Barrot.

Je tiens de la bouche même de notre illustre savant les détails qui vont suivre.

Il me les rappelait encore, appuyé à mon bras, lors de la promenade du 26 ou du 27 février 1848 à la Bastille.

Il était alors, à son tour, membre du gouvernement provisoire, et succédait pour un neuvième à la royauté de Louis-Philippe.

Une calèche découverte, disons-nous, portant MM. Arago, Laffitte et Odilon Barrot entra dans la cour des Tuileries.

À peine avait-elle tourné l’angle du guichet, qu’un inconnu arrêta les chevaux, et, courant vivement à la portière :

— N’entrez pas ! dit-il.

— Pourquoi cela ? demanda Odilon Barrot.

— Guizot le quitte.

— Eh bien, après ?

— Guizot est votre ennemi personnel, et peut-être l’ordre se donne-t-il en ce moment de vous arrêter comme Gabet et Armand Carrel.