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Page:Dumas - Mes mémoires, tome 10.djvu/49

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MÉMOIRES D’ALEX. DUMAS

— Enfin, priez, en vous en allant, Anicet de me venir voir… Je vais tâcher de faire de mon mieux.

Un quart d’heure après, Anicet était chez moi.

Anicet est un travailleur consciencieux, un chercheur infatigable ; nul ne fait pins grandement sa part dans une collaboration.

J’ai dit qu’il m’avait apporté le plan de Teresa presque entièrement fait. Je lui ai donné l’idée d’Angèle ; toutefois, c’est lui qui a trouvé, non pas Muller médecin, mais Muller malade de la poitrine, c’est-à-dire le côté profondément mélancolique de l’ouvrage.

L’idée du Fils de l’Émigré était de lui ; l’exécution — dans les trois — premiers actes surtout — fut entièrement de moi. Nous fîmes ensemble les deux derniers actes pendant les journées des 7 et 8 juin.

Le 9 juin, je lus, dans une feuille légitimiste, que j’avais ; été pris les armes à la main, à l’affaire du cloître Saint-Merri, jugé militairement pendant la nuit, et fusillé à trois heures du matin. On déplorait la mort prématurée d’un jeune auteur qui donnait de si belles espérances !

La nouvelle avait un caractère si authentiqué ; les détails de mon exécution, que j’avais supportée, au reste, avec le plus grand courage, étaient tellement circonstanciés ; les renseignements venaient d’une si bonne source, que j’eus un instant de doute. Je me tâtai.

Pour la première fois, le journal disait du bien de moi : donc, le rédacteur me croyait mort.

Je lui envoyai ma carte, avec tous mes remercîments.

Comme mon commissionnaire sortait, un autre commissionnaire entrait, apportant une lettre de Charles Nodier.

Cette lettre était conçue en ces termes :


« Mon cher Alexandre,


» Je lis à l’instant dans un journal que vous avez été fusillé le 6 juin, à trois heures du matin. Ayez la bonté de me faire