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Page:Dumas - Mes mémoires, tome 10.djvu/7

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MÉMOIRES D’ALEX. DUMAS

Une seconde décharge partit, et le commandant Cholet tomba mort.

Puis le cri « Aux armes » retentit.

Bastide et Thomas étaient à l’extrémité opposée du boulevard Bourdon. Ils n’avaient point attaqué ; mais, au contraire, ils étaient attaqués. Ils résolurent de ne point reculer d’un pas.

En quelques minutes, une barricade fut improvisée.

Elle était défendue par trois chefs principaux : Bastide, Thomas, Séchan. Une douzaine d’élèves del’École polytechnique, une vingtaine d’artilleurs et autant d’hommes du peuple s’étaient réunis à eux.

Comme s’il n’eût pas eu assez de sa grande taille pour courir un danger double des autres, Thomas monta sur la barricade ; Séchan le prit par derrière, à bras-le-corps, et le força de descendre.

On tenait ferme.

Le feu partait à la fois de l’Arsenal, du pavillon de Sully et du grenier d’abondance.

Le colonel des dragons avait eu son cheval tué sous lui ; le lieutenant était blessé à mort. Une balle venait d’atteindre le capitaine Briqueville.

L’ordre de la retraite fut donné audragons, qui se replièrent sur les rues de la Cerisaie et du Petit-Musc.

La barricade était dégagée ; il était inutile de continuer la lutte à l’extrémité de Paris ; c’était au cœur qu’il fallaiballumer l’incendie. Thomas, Bastide et Séchan se jettent sur le boulevard Contrescarpe, et rentrent dans Paris en criant : « Aux armes ! »

Thomas court prendre langue au National. Bastide, Séchan, Dussart, Pescheux d’Herbinville, élèvent une barricade à l’entrée de la rue de Ménilmontant, où Bastide et Thomas avaient leur maison, et tenaient un chantier de bois à brûler.

Pendant ce temps, des étudiants, des élèves de l’École, des gens du peuple se sont emparés du corbillard. Les cris « Au Panthéon ! » se font entendre.

— Oui ! oui ! au Panthéon ! répètent toutes les voix.