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Page:Schleiermacher - Discours sur la religion, trad. Rouge, 1944.djvu/86

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qu’est venue et peut revenir une lumière spirituelle aussi bien que la solaire. Cette disposition à considérer comme dignes d’intérêt et d’estime les « révélations » orientales, acheminera Fr. Schlegel et d’autres vers le respect pour l’idée de révélations surnaturelles. Il est assez remarquable qu’on ne trouve pas d’indices d’une telle inclination dans les Discours de Schleiermacher.

Rien sur l’islamisme.

Du judaïsme (pages 286-291), le protestant commence par dire que c’est une religion morte depuis longtemps en tant que vraie religion, et dont ceux qui en portent encore la couleur ne peuvent que gémir auprès d’une momie imputrescible. L’idée de l’Univers qu’on lit dans son passé est d’ailleurs aux yeux de Schleiermacher bien peu religieuse. Elle n’est en effet que celle d’une « rémunération universelle et immédiate, d’une réaction particulière de l’Infini à l’égard de tout fini particulier… Récompensant, punissant, châtiant l’acte particulier de façon particulière, c’est ainsi que la Divinité est représentée (pages 287-288). Toute l’histoire est exposée comme un dialogue en paroles et en actes entre Dieu et les hommes… De là la sainteté de la tradition qui sert de cadre à ce grand entretien ». De là, au sein, de cette tradition continue, récurrente et anticipante, « le développement parfait du don de prophétie », dont le fruit suprême fut la foi en le Messie, pages 289-290. Dans cette idéologie, Schleiermacher voit beaucoup moins de vraie religion que d’intérêts familiaux, de politique et de morale. Encore cette morale est-elle très contestable à ses yeux : nous connaissons sa sévérité rigoureuse à l’égard de toute éthique qui recourt à la menace de châtiments et à la promesse de récompenses, or le judaïsme en use constamment.

Comment le théologien va-t-il rattacher le christianisme sa notion de la religion ? De la manière la plus directe, dans la formule que voici : « l’intuition génératrice du christianisme est celle de l’opposition générale que fait tout le fini à l’Unité de l’Ensemble (= Univers, Infini, Dieu) et de la façon dont la Divinité agit à l’égard de cette opposition, « composant », par voie de médiation, avec cette hostilité » (c’est le sens plein qu’il faut donner ici, je crois, à vermitteln, page 291). Traduisons, comme il est légitime, en langage chré-