Le Mespris de la vie et consolation contre la mort/« Penses combien de tems, pauvre homme miserable »

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Le Mespris de la vie et consolation contre la mort
Le Mespris de la vie et consolation contre la mortNicolas de Moinge (p. 147).

CLV.


Penses combien de tems, pauvre homme miserable
Il y à que tu bois, manges, veilles, & dors
Dors manges, veiles, bois, & destors & retors
De ce mesme fuseau le filet variable

En fin de tant de maus la charge insupportable
Qui sur toy chacque jour descharge ses effors,
Et sa satieté de tant vivre en ce cors
Te feront desirer la mort inevitable

Cest peu de cas de vivre, un tel bien est permis
Egalement à tous, jusqu'aus moindres fourmis
Qui vivent en commun dessous la terre espaisse

Mais delaisser la vie en resolution,
Et mourir gouverneur de son affection
Cest là le plus haut point de l'humaine sagesse.