Le Mespris de la vie et consolation contre la mort/« Pourquoy soupires tu ô lasche effeminé »
Le Mespris de la vie et consolation contre la mort
LXXXV.
Pourquoy soupires tu ô lasche effeminé
Quant la Parque t'appelle ? As tu veu sur la terre
Par tout ou le Soleil vagabondement erre
Homme, qui par la mort ne se vit butiné ?
Combien voys tu de Fort contre bas incliné,
De Chasteau renversé par l'effort de la guerre,
De rocher opprimé par le coup du tonnerre,
Par le desbort des eaus de palais ruiné ?
De fleurir & fanir, de mourir & de naistre
D'abaisser & hausser, d'augmenter et decroistre
Nous est commun à tous, & la divinité
Parmy ces changemens eternellement stable
N'a voulu que rien fut de ferme ou perdurable
Hors de l'abysme profond de son Eternité.