Dans la rue (Bruant)/À Grenelle

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Aristide Bruant (Volume Ip. np-147).


À GRENELLE


\relative c'' {
  \clef treble
  \key bes \major
  \time 4/4
bes4.^\markup { Piano } f8 bes8. f16 bes8. f16
  \tempo \markup { \fontsize #-4 \smaller Allegro.}
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  bes4 f' d bes | f f8. f16 f4 f
bes d f r
  \bar "||" 
     \once \override Score.RehearsalMark.font-size = #-7
     \mark \markup { \musicglyph #"scripts.segno" }
bes,4. f8 bes8. f16 bes8. f16 | bes4 f' d bes | f f8. f16 f4 f
bes4 bes8. bes16 bes4 r\fermata \bar "||"
  \set Staff.midiInstrument = #"piccolo"
  \autoBeamOff
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    \tempo 4 = 100
  \time 6/8
  r4^\markup { Chant. } bes8 c4 bes8
  \tempo \markup { \fontsize #-4 \smaller Moderato.}
  d4 bes8 c4 bes8 | d4.~ d
r4 d8 d4 d8 | d4 f8 ees4 d8 | c4.~ c | r4 c8 a4 bes8
c4 c8 bes4 c8 | d4\( d8\) f4 ees8 | d4. (c) | bes4 r8 r4 r8
    \bar "|."
       \once \override Score.RehearsalMark.font-size = #-7 
       \mark \markup { \musicglyph #"scripts.segno" }
}

\addlyrics {
_ _ _ _ _ _ _ _ _ _
_ _ _ _ _ _ _ _ _ _
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_ _ _ _ _ _ _
Quand j’vois des fill’s de dix- sept ans,
Ça m’fait pen -- ser qu’ya ben long -- temps,
Moi aus -- si j’l’ai é -- té pu -- cel -- le,
À Gre -- nel -- le.
}

\layout {
  \context {
    \Score
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  }
  line-width = #120
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  \set fontSize = #-4
}

Quand j’vois des fill’s de dix-sept ans,
Ça m’fait penser qu’ya ben longtemps,
Moi aussi j’ l’ai été pucelle,
        À Grenelle.


Mais c’est un quartier plein d’soldats
On en renconte à tous les pas,
Jour et nuit i’s font sentinelle,
        À Grenelle.

J’en ai t’i’connu des lanciers,
Des dragons et des cuirassiers,
I’s m’ montraient à m’ tenir en selle
        À Grenelle.

Fantassins, officiers, colons
Montaient à l’assaut d’ mes mam’lons,
I’s m’ prenaient pour eun’ citadelle,
        À Grenelle.

Moi j’ les prenais tous pour amants,
J’commandais tous les régiments,
On m’app’lait mam’ la colonelle,
        À Grenelle.

Mais ça m’rapportait que d’ l’honneur,
Car si l’amour ça fait l’bonheur,
On fait pas fortune avec elle,
        À Grenelle.


Bientôt j’ m’aperçus qu’mes beaux yeux
Sonnaient l’extinction des feux,
On s’mirait pus dans ma prunelle,
        À Grenelle.



Mes bras, mes jambes, mes appas,
Tout ça foutait l’camp, à grands pas,
J’osais pus fair’ la p’tit’ chapelle,
        À Grenelle.

Aujord’hui qu’ j’ai pus d’ position,
Les régiments m’ font eun’ pension :
On m’ laiss’ manger à la gamelle,
        À Grenelle.


Ça prouv’ que quand on est putain,
Faut s’établir Chaussé’-d’Antin,
Au lieu d’ se faire eun’ clientèle,
        À Grenelle.