Poésies nouvelles (1836-1852)/À Lydie (imitation)
À LYDIE
Du temps où tu m’aimais, Lydie,
De ses bras nul autre que moi
N’entourait ta gorge arrondie ;
J’ai vécu plus heureux qu’un roi.
Du temps où j’étais ta maîtresse,
Tu me préférais à Chloé ;
Je m’endormais à ton côté
Plus heureuse qu’une déesse.
Chloé me gouverne à présent,
Savante au luth, habile au chant ;
La douceur de sa voix m’enivre.
Je suis prêt à cesser de vivre
S’il fallait lui donner mon sang.
Je me consume maintenant
Pour Calaïs, mon jeune amant,
Qui dans mon cœur a pris ta place.
Je mourrais deux fois, cher Horace,
S’il fallait lui donner mon sang.
Eh quoi ! si dans notre pensée
L’ancien amour se ranimait ?
Si ma blonde était délaissée ?
Si demain Vénus offensée
À ta porte me ramenait ?
Calais est jeune et fidèle,
Et toi, poëte, ton désir
Est plus léger que l’hirondelle,
Plus inconstant que le zéphyr ;
Pourtant, s’il t’en prenait envie,
Avec toi j’aimerais la vie,
Avec toi je voudrais mourir.