Œuvres complètes de Béranger/Le Cordon, s’il vous plaît
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LE CORDON, S’IL VOUS PLAÎT
Allons aux champs fêter Marie ;
Hâtons-nous, le plaisir m’attend.
Le pied poudreux, la main fleurie,
Là bas arrivons en chantant. (bis.)
Gai voyageur, j’ai mes pipeaux à prendre,
Pipeaux qu’un sourd a traités de sifflet.
Portier, ce soir gardez-vous de m’attendre. |
bis. |
Le cordon, le cordon, s’il vous plaît, (bis.)
Vite, portier ; car on m’accuse
D’oublier l’heure du repas.
Jouy déjà gronde ma muse
Dont il soutint les premiers pas v.
D’amis nombreux quelle troupe riante,
Et de beautés quel brillant chapelet !
Dans sa prison l’aï s’impatiente.
Je veux sortir ; le cordon, s’il vous plaît ;
Le cordon, le cordon, s’il vous plaît.
Beaux jours d’une fête si chère,
À revenir toujours trop lents !
Pour nous, l’un de l’autre diffère
Au plus par quelques cheveux blancs.
Puisse Marie, à ses goûts si fidèle,
Voir ses élus toujours au grand complet !
Volons chanter la liberté près d’elle.
Je veux sortir ; le cordon, s’il vous plaît ;
Le cordon, le cordon, s’il vous plaît.
Mon vieux portier dort dans sa loge :
Mes petits vers vont refroidir.
D’un digne époux j’y fais l’éloge ;
Forçons Marie à m’applaudir.
Puis, montrons-la courant plaindre des peines,
Rendre au malheur l’espoir qui s’envolait,
Et consoler un ami dans les chaînes.
Je veux sortir ; le cordon, s’il vous plaît ;
Le cordon, le cordon, s’il vous plaît.
Mais mon portier, las de se taire,
Répond qu’on ne sort pas ainsi ;
Que j’écrive au propriétaire ;
Que je dois trois termes ici x.
Fêtez Marie, ô vous à qui l’on ouvre !
Sans moi, pour elle, enfantez maint couplet ;
Je rougirais d’envoyer dire au Louvre :
Je veux sortir ; le cordon, s’il vous plaît ;
Le cordon, le cordon, s’il vous plaît.
v. Dont il soutint les premiers pas.
M. de Jouy qui, dans les genres élevés, a mérité les plus brillants succès, est l’auteur de beaucoup de chansons charmantes, ce qui ne l’a pas empêché, dès mon début, de prêter aux miennes l’appui de sa réputation. Rien n’était plus propre à les faire connaître dans toute la France que leur éloge souvent répété dans l’Ermite de la Chaussée-d’Antin.
x. Que je dois trois termes ici.
J’étais condamné à neuf mois de prison.
Air noté dans Musique des chansons de Béranger :
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