Œuvres poétiques de Chénier (Moland, 1889)/Ô de nœuds mutuels
Apparence
LXII[1]
Ô ! de nœuds mutuels, dieux, formez nos liens !
Ou donnez-lui des fers, ou dégagez les miens.
Mais laissez-moi les miens et qu’elle les partage ;
Et qu’ensuite le temps jamais ne nous dégage.
Vois, ma belle…, faut-il prier les dieux
D’ôter de ma mémoire et ta voix et tes yeux ?
Faut-il désespérer de t’avoir pour amie ?
D’être nommé ton cœur, de t’appeler ma vie !
Faut-il ne t’aimer plus ? Ah ! plutôt aime-moi ;
Et je ne voudrais point pouvoir vivre sans toi.
Tib., l. IV, él. 5 ; l. II, él. 2.
- ↑ Éd. G. de Chénier.