Œuvres poétiques de Chénier (Moland, 1889)/Oh ! puisse le ciseau
Apparence
XXXIX[1]
- D’Ovide, livre II[2].
Oh ! puisse le ciseau qui doit trancher mes jours
Sur le sein d’une belle en arrêter le cours !
Qu’au milieu des langueurs, au milieu des délices,
Achevant de Vénus les plus doux sacrifices,
Mon âme, sans efforts, sans douleurs, sans combats,
Se dégage et s’envole, et ne le sente pas !
Qu’attiré sur ma tombe, où la pierre luisante
Offrira de ma fin l’image séduisante,
Le voyageur ému dise avec un soupir :
« Ainsi puissé-je vivre, et puissé-je mourir ! »