Œuvres poétiques de Chénier (Moland, 1889)/Plutarque, au traité qu’un prince doit être savant
XVII[1]
- Plutarque, au traité qu’un prince doit être savant :
Tout le monde le craint ; mais il craint tout le monde.
Le Pont a vu son roi, pendant la nuit profonde,
Enfermé dans un coffre, attendre le soleil.
Et dormir, en secret, d’un horrible sommeil,
Que des songes sanglants épouvantaient sans doute ;
Comme le noir serpent s’éloigne de la route
Et seul au fond du bois, craignant le fouet vengeur,
Se dérobe sous terre à l’œil du voyageur.
L’esprit humain incertain et mobile
Est fort semblable au funambule agile.
Doux souris, doux regards, douce voix, doux silence.
Bacchus, sous ces forêts que tes plaintes troublèrent,
Ô fille de Minos, consola tes douleurs.
Les larmes de Philis sur ces rives coulèrent ;
Elles firent naître ces fleurs.
Ces vallons redisaient les caresses d’Œnone ;
Ce fleuve s’arrêtait aux baisers d’Arion ;
Et ces grottes ont vu la fille de Latoae
Descendre au sein d’Endymioa.
Mer qui, pour séparer les amis, les amants,
Amoncelles entre eux tes remparts écumants ;
Inexorable mer dont les fureurs jalouses
Dévorent les époux qui cherchent leurs épouses,
Ô mer, du jeune amant..........
Ne pus vaincre l’espoir, la jeunesse et l’amour.
Ô mer, tu fus domptée, et ta rage écumante
Ne l’engloutit qu’à son retour[2].