Album 1831-3/05
Castor, fils de Lœda, frère aimé de ton frère,
Aujourd’hui dans les cieux, et demain sur la terre ;
Castor, jeune homme ardent, aux longs cheveux dorés ;
Et toi, fougueux Pollux, beaux jumeaux adorés ;
Soit aux jeux Corinthiens, soit aux courses d’Élide,
Vous n’avez jamais vu de cheval plus rapide
Que Pallas ma cavale, ainsi qu’on l’appela
Un jour que, la première, au terme elle vola.
Eh bien ! elle naquit (oh ! l’indigne origine !)
Chez un pâtre ignorant du rivage d’Égine,
Qui la laissait errer dans des marais bourbeux,
Parmi de grands troupeaux de brebis et de bœufs,
Entravait ses beaux pieds d’une indigne lanière,
Et laissait les buissons arracher sa crinière.
Elle, pensive, allait le long des vertes eaux.
Cherchant l’herbe nouvelle au milieu des roseaux ;
Maigre, le poil épais, et de fange souillée,
La tête basse avec la paupière mouillée,
Chagrine, comme on l’est sous le poids d’un affront.
Je l’appelai. Castor, elle leva son front,
Écuma, tressaillit, et, la tête en arrière.
Vint à moi, bondissante, ainsi qu’une guerrière.
Malheur donc, si jamais il ne m’était venu
D’aller voir les troupeaux de ce pâtre inconnu,
Qui, debout, appuyé sur sa grossière pique,
Gardait, sans le savoir, un coursier olympique.