Chansons rouges/Aubade rouge

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Maurice Boukay (
Ernest Flammarion, éditeur (p. 95-99).


AUBADE ROUGE


À Henry Fromentel.
Un bourreau chante :

  \relative c' {
  \override Rest #'style = #'classical
  \set fontSize = #-1
  \key c \major
  \time 6/8
  \tempo "Dolce."
  \set Score.tempoHideNote = ##t
    \tempo 4 = 90
  \autoBeamOff
  \set Staff.midiInstrument = #"piccolo"
\compressEmptyMeasures
R4.*6 \bar "||" 
r4 e8 \( a a a | gis4^> gis8 a^^ a a \break
gis4^> gis16 gis b8^> b b | b4 b16 b c4^^ c8 \break
cis8.^> cis16 r 
  \tempo "agitato."
  \set Score.tempoHideNote = ##t
    \tempo 4 = 110
  g16 fis8 fis g | aes4 aes8 aes g aes \break
c!4.^> r8 e, e | e4.^- e^- | <e a> r4 r8
\bar "|."
}
\addlyrics {
Dans le brouil -- lard gris de l’au -- be qui pleu -- re,
De -- bout, con -- dam -- "né !" Lè -- ve- "toi !" c’est l’heu -- re
La foule est grouil -- lante et blê -- me d’ef -- froi. 
Les ma -- tins sont froids.
}
\layout {
  indent = #0
  line-width = #120
  \context {
    \Score
    \remove "Bar_number_engraver"
  }
}


I

Dans le brouillard gris de l’aube qui pleure, —
Debout, condamné ! Lève-toi : c’est l’heure ! —
La foule est grouillante et blême d’effroi.
                Les matins sont froids.


II

Sur le pavé sale et gluant qui glisse, —
Glisse, mon couteau ! Glisse en ta coulisse ! —
Les bois sont montés : on n’est pas manchot !
                Les matins sont chauds.

III

Sous le porche noir vient la robe noire, —
Pleure, crucifix, tes larmes d’ivoire ! —
Sur la bouche pâle et le cou flétri,
                Les matins sont gris.

IV

Sur le buste vert la chemise est blanche, —
Couche-toi, muet, sur la longue planche ! —
Crac ! le couteau tombe avec le grief.
                Les matins sont brefs.

V

Sur le pavé rouge on passe l’éponge. —
Roule, fourgon, roule ! Et la tête songe :
« Deux crimes pour un ! Grâce à toi, Deibler,
                Les matins sont clairs. »