La Cithare (Gille)/Aux Morts de Chéronée

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La Cithare, Texte établi par Georges Barral Voir et modifier les données sur WikidataLibrairie Fischbacher (Collection des poètes français de l’étranger) (p. 201-202).

AUX MORTS DE CHÉRONÉE



À ceux qui sont tombés au champ de Chéronée !


Nous n’avons point inscrit leurs noms : la stèle, ornée
De lions rugissants, fixe leur souvenir.
Ces guerriers avaient pris les armes pour punir
L’insolence d’un roi. Le sort leur fut contraire.
Ils gisent en ces lieux. Qu’importe ! si la terre
Des aïeux a gardé pieusement leurs os.
Ils ont lutté sans peur ; ce furent des héros.

La liberté, du moins, ne leur fut point ravie :
Tous, ils ont préféré sacrifier leur vie,
Le visage tourné contre leurs ennemis.
Honorez ces soldats, car ils n’ont pas permis
Que la Grèce sentît le joug. Voilà leur titre !
Entre eux et l’oppresseur, ils ont pris pour arbitre
Hadès, ayant souffert d’un outrage odieux.
Sans cesse réussir n’est réservé qu’aux dieux.
Étant donc valeureux, ils sont morts en grand nombre ;
Ils peuplent désormais les royaumes de l’ombre.
C’était la volonté de Zeus. Proche ou lointain,
Nul mortel, quel qu’il soit, n’échappe à son destin.