Bakounine/Œuvres/TomeV/Trois Conférences aux ouvriers du Val de Saint-Imier - Avant-propos

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Œuvres - Tome V.
Trois Conférences... — AVANT-PROPOS


AVANT-PROPOS




Le 28 avril 1871, Bakounine, venant de Locarno, arrivait au village de Sonvillier (Val de Saint-Imier, Jura Bernois). Il avait fait, du 19 mars au 3 avril, un voyage à Florence pour affaires privées (voir tome  II, pages 277-278), au moment même où, à la suite de la révolution du 18 mars, la Commune s’installait à Paris. Aussitôt rentré à Locarno, il décida de se rendre dans la Suisse française, pour être plus à portée de suivre les événements de Paris (lettre à Ozerof du 5 avril 1871). Le manque d’argent l’empêcha de se mettre en route tout de suite ; mais dès qu’il eut réussi à contracter un emprunt de mille francs, il accourut auprès de ses amis. Il venait se concerter avec eux, sans idées arrêtées sur ce qu’il pouvait y avoir à faire ; et c’était dans les Montagnes jurassiennes qu’il établissait son quartier général, parce qu’il comptait y trouver des hommes d’action, et non à Genève, où, en dehors d’une poignée d’amis, il n’aurait rencontré qu’hostilité et bavardage.

Il resta à Sonvillier jusque vers le 15 mai ; ensuite il se rendit au Locle, pour se rapprocher de la frontière française. Un projet avait été formé. « Il existait, dans une ville française de l’Est, une section de l’Internationale avec laquelle nous étions en relations. Des internationaux de nos diverses sections, armés, auraient passé la frontière en trois ou quatre groupes, se dirigeant sur cette ville où leur arrivée aurait coïncidé avec un soulèvement de la population ouvrière. » (L’Internationale, t. II, p. 152.) L’entrée des Versaillais à Paris, le 21 mai, fit renoncer à l’exécution de ce plan. Bakounine quitta le Locle le 29 mai pour retourner à Locarno, où il arriva le 1er  juin.

Pendant son séjour au Val de Saint-Imier, il avait fait, devant un auditoire d’ouvriers, trois conférences, ou plutôt trois lectures, dans lesquelles, après avoir retracé l’histoire de la bourgeoisie française et de son rôle révolutionnaire au dix-huitième siècle, il exposa la mission historique du prolétariat au dix-neuvième. Ce sont ces trois conférences qu’on va lire.

Une première publication en avait été faite par Max Nettlau dans la revue la Société Nouvelle, à Bruxelles (mars et avril 1805), mais d’après une copie très fautive et incomplète. Il manquait, dans cette copie, quatre feuillets de la troisième conférence ; en outre, le texte était dénaturé par une quantité de fautes grossières, mots estropiés, membres de phrase omis, etc. Je publie ici un texte complet et correct, d’après le manuscrit original, qui est en ma possession ; ce manuscrit m’a été remis, à l’époque, par Adhémar Schwitzguébel.

J. G.