Biographie universelle ancienne et moderne/2e éd., 1843/CHAMPION DE CICÉ (Jérôme-Marie)

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Texte établi par Michaud, A. Thoisnier Desplaces (Tome 7p. 459-460).

CHAMPION DE CICÉ (Jérôme-Marie), naquit à Rennes, en 1735, d’une famille noble, mais nombreuse et peu riche. Il avait pour frère Jean-Baptiste-Marie de Cicé, qui fut promu à l’évêché d’Auxerre en 1761. Jérôme-Marie, qui s’était aussi destiné à l’état ecclésiastique, reçut la même année l’ordre de la prêtrise, et fut appelé, par son frère, à le seconder dans l’administration de son diocèse. Il fut nommé agent du clergé en 1765. Le clergé se trouvait alors dans une conjoncture difficile ; aux prises avec un corps puissant, il avait à combattre la faiblesse de la cour, la sévérité des parlements, et les progrès de la philosophie. De Cicé eut besoin de toute son habileté pour ne pas être au-dessous de sa place. L’agence du clergé était communément la porte de l’épiscopat. A l’expiration de ses cinq années, en 1770, l’abbé de Cicé fut nommé évêque de Rhodez, et fut élevé ensuite au siége de Bordeaux en 1781. A l’époque de la révolution, il devint membre de l’assemblée constituante, où il apporta quelques penchants pour des innovations que de bons esprits croyaient alors devoir souhaiter. Il fut un des premiers de son ordre à se réunir aux représentants des communes, et, lorsque le roi voulut composer le ministère d’hommes agréables à la nation, il nomma de Cicé garde des sceaux. Cette place était fort délicate a remplir ; les affaires de l’Eglise contribuaient à rendre encore plus difficile la position de l’archevéque de Bordeaux. L’assemblée constituante venait de decréter la constitution civile du clergé. De Cicé crut sans doute pouvoir autoriser comme ministre, ce qu’il désapprouvait comme évêque, et il revêtit du sceau de l’Etat les décrets de l’assemblée. La terreur de la révolution emporta bientôt de Cicé loin du ministère et loin de sa patrie. Il reparut au bout de dix ans d’absence, donna sa démission de l’archevêché de Bordeaux, et fut nommé au siége d’Aix. Arrivé dans cette ville, le 8 juillet 1802, il s’occupa de guérir les plaies que le malheur du temps avait faites à son diocèse. Un séminaire s’éleva à Aix ; cinq autres furent érigés dans différentes villes. Plusieurs établissements de religion et de charité lui durent une existence nouvelle. La maladie le surprit au milieu de ses occupations pastorales, et, après avoir éprouvé de longues souffrances, il mourut le 22 août 1810.  D. N—l.