Blason du Beau Tétin
III.
DU BEAU TÉTIN.[1]
Tétin refect[2] plus blanc qu’un œuf,
Tétin de satin blanc tout neuf,
Tétin qui fais honte à la rose,
Tétin plus beau que nulle chose !
Tétin dur, non pas tétin, voyre,[3]
Mais petite boule d’ivoyre,
Au millieu duquel est assise
Une fraize, ou une cerise,
Que nul ne veoit, ne touche aussi,
Mais je gage qu’il est ainsi.
Tétin doncq au petit bout rouge,
Tétin qui jamais ne se bouge,
Soit pour venir, soit pour aller,
Soit pour courir, soit pour baller.[4]
Tétin gaulche, tétin mignon,
Tousjours loing de son compaignon,
Tétin qui portes tesmoignage
Du demeurant du personnage.
Quand on te voit, il vient à mainctz
Une envie dedans les mains
De te taster, de te tenir.
Mais il se fault bien contenir
D’en approcher, bon gré ma vie,[5]
Car il viendroit une autre envie.
Ô tétin ne grand, ne petit,
Tétin meur, tétin d’appétit,[6]
Tétin qui nuict et jour criez :
« Mariez-moy tost, mariez : »
Tétin qui t’enfles et repoulses
Ton gorgerin[7] de deux bons poulses !
A bon droict heureux on dira
Celluy qui de laict t’emplira,
Faisant d’ung tétin de pucelle
Tétin de femme entière et belle !
- ↑ Nous n’avons pas cru devoir rejeter cette pièce non plus que la suivante. Elles ont joué un trop grand rôle dans la littérature du XVIe siècle. Quel que soit leur caractère, les applaudissements de tout le siècle de François Ier en ont fait en quelque sorte des pièces classiques.
- ↑ Parfait.
- ↑ Vraiment.
- ↑ Danser.
- ↑ Bon gré ma vie, maugré ma vie, jurons usités au XVIe siècle. Que ma vie soit bénie ou maudite.
- ↑ Pleins de désirs.
- ↑ Colerette.