La Verdure dorée/T’en souviens-tu (comme on écrit dans les romances)

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CIII


T’en souviens-tu (comme on écrit dans les romances)
T’en souviens-tu de ce dimanche des dimanches
Où nous avons erré sous les mornes platanes
Après l’azur et la poussière et la chaleur ?

Souvenirs, souvenirs, venez qu’on vous rétame,
C’est moi qui suis le rétameur !

Ah ! malgré qu’on veuille sourire,
Moi, j’ai des larmes plein le cœur
Et je m’en vais à la dérive.

Cette musique au loin et ces bouffées de cuivre,
Polka pour deux pistons et grands airs d’opéra
La Favorite, l’Africaine, etc.

La même lune va reluire
Et refléter son cristal nacarat
Dans l’eau chaude du fleuve.

Un vent tiède se prit à remuer les feuilles.
Tes mains étaient pleines de larmes.
Les tramways en passant t’éclairaient le visage.


Près d’un café pleurait une aigre clarinette.
Un grand magnolia balançait ses fleurs blanches,
Et la lune pendait aux branches,
Douce lanterne japonaise.