La Verdure dorée/Casino de Paris, Olympia, Folies

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La Verdure doréeÉditions Émile-Paul frères (p. 234).

CXXXV

À Franc-Nohain.


Casino de Paris, Olympia, Folies-
Bergère, quels troupeaux d’âpres mélancolies,
Chevreaux meurtris, béliers fourbus, dans vos lumières
Et vos tumultes, j’ai traînés. Mais les premières
Voluptés, leurs langueurs, leurs plaintes immortelles,
Ou qu’on croit telles, leurs alarmes, où sont-elles,
Et leurs larmes ? Douleurs, dont mes nuits étaient ivres
Et qu’aux tonnerres de l’orchestre, au bruit des cuivres
Rauques, des sourds banjos, des trompes, aux rafales
De clarté, je tentais d’abolir. Triomphales
Couronnes, les lauriers, aussi les marguerites,
Les dahlias, c’est toi seule qui les mérites
Et les roses, Jeunesse aux victoires secrètes
Et douces. Mais voici qu’au talus tu t’arrêtes
Avec ton blanc troupeau d’illusions qui broute
L’herbe rousse, et faut-il au désert de la route,
Quand le vent de la vie a soufflé les étoiles,
Quand mes yeux qu’enchantait la couleur de tes voiles
Ne voient plus que l’horreur de la nature nue,
Faut-il que vagabond triste je continue,
Sans l’espoir d’une auberge où je puisse descendre,
À marcher dans l’ennui, l’amertume et la cendre ?