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Chanson de l’Escalade

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s. n. (p. 1).

CHANSON DE L’ESCALADE,

entreprise par les Savoyards contre les murs de Genève, la nuit du samedi au dimanche, douzième de décembre l’an 1602, sur l’air de l’Agio,

« Qu’il ait scût trouver le secret, &c. »

VOtre Escalade Savoyards
A fait venter nos Boulevards ;
Puis qu’ils bornèrent vos conquêtes,
Et qu’on y éleva vos têtes
Pour faire voir vôtre valeur
Et pour donner de la terreur.
2 Ce fut à Ripaille en Savoye ;
Que l’on nous vende Genevois,
Ils venoient conclure la pache ;
Mais ayant pris un trop grand tâche ?
Ils n’en purent venir à bout,
Mais la corde termina tout.
3 Car Dieu qui gardoit la Cité,
Pour punir leur témérité,
Permit qu’ils vinrent à la porte,
Qu’ii vouloient prendre par main forte,
Où l’on vit avorter soudain
Leur abominable dessein.
4 Car Picot surnommé Picard
Voulant jouer de son Pétard,
Un Soldat abatit la Herse,
Qui lui mit l’ame à la renverse,
Il arriva trop tot à port :
C’est ce qui lui causa la mort.
7 Pour être trop hardi Picot,
Tu te vis pris comme un seichot
D’une façon particulière,
Et de si jolie maniére,
Que tant que le monde vivra,
Il est certain qn’on en vira.
6 Ce n’est pas le tout mes amis,
Nos boulevards étoient garnis
De cette maudite vermine,
Qui payoit d’assez bonne mine,
Etant armez de pied en cap,
Comme de très vaillants Soldats.
7 C’est alors qu’il falut songer
De leur donner dur à ronger
Ces os qui causoit leur voyage ;
Car ils manquèrent de courage,
N’ayant pas assez bonnes dents,
Pour y pouvoir mordre dedans.
8 C’est pourquoi d’entreux la plus part
Abandonnèrent le Rempart,
Et ressayèrent nos murailles,
Non pour retourner à Ripailles ;
Car ils maudissoit dans leur cœur,
Et le Couvent et son Auteur.
9 Ceux qui en bas étoient restez,
Condamnant leur témérité,
Se sauvèrent en diligence ;
Afin d’éviter la potence,
Qui auroit terminé leurs jours,
Si aux pieds il n’eussent eu recours.
10 Etant chez eux : ils font d’abord
Chanter Messe pour tous les morts,
Dont la valeur & le courage
Nous étoient restés pour otage,
Et qui furent récompensez
Bien plus qu’ils ne l’avoient pensez.
11 Courage ne vous lassez pas,
Afin d’adoucir leur trépas,
Allez souvent à confesse.
Priez vos Saints avec tristesse,
Portez à l’Autel force dons,
Et vous obtiendrez leurs pardons.

12 Penitence effacera tout,
Peut—être vous viendrez à bout
De les sortir du Purgatoire ;
Mais hélas il y a lieu de croire,
Qu’après avoir dansé en l’air,
Ils sont allez droit en enfer.
13 Ton horoscope Brunaulieu
Portoit de mourir dans ce lieu,
Ton grand esprit trouva des bornes
Comme un Cerf qui se prend aux Cornes,
Ce qui causoit ton ambition,
Causa aussi ta perdition.
14 Les Lievres blanches d’Albigni
Que devant toi tu vis sortir,
Etoient l’echantillon sans doute,
De cette fatale déroute,
De tous ses plus vaillants Soldats,
Qui suivirent bientôt tes pas.
15 Si ton dessein avoit été
Par le grand maître projette,
Les issues envoient été bonnes,
Vous eussiez combattu en hommes,
Et vous n’eussiez jamais pensé
A montrer votre lâcheté.
16 De Vatevile & Danddot,
Vous fites comme un matelot,
Qui sort du port en grand courage ;
Mais qui voyant le moindre orage,
II est bientôt déconcerté,
N’étant pas expérimenté.
17 L’on peut ausss sans vous choquer
A l’Escargot vous comparer,
Qui montre en Campagne ses cornes,
Mais qui bientôt change de forme,
Car rien ne les sauroit toucher
Sans les faire bientôt cacher.
18 De ta vaillance qu’en fis tu ?
La Jeunesse l’oublia tu,
Peut-être que par imprudence,
Ou si tu veux par prévoyance,
Tu l’avois laissé chez toi
Pour tsen servir une autrefois.
19 Quoi qu’il en soit c’est ton Cheval,
Qui te préserva du haut mal,
Je veux dire de la potence ;
Car c’est un mal en éminence,
Puis qu’il ne dure qu’un moment,
Et qu’il guérir du mal de dents.
20 Sonas tu venois te vanger »
Mais il te fallut bien ranger
Sous la même main que ton père
Fut contraint d’avouer pour mère,
Et qui devint très justement
Ta grande mère par testament.
21 Pour ton grand père il étoit mort,
Mais on te le fit voir encor,
Lors que tu monta cette Echelle,
Qui te fit tourner la cervelle,
Voulant aprendre à voltiger,
Tu ne trouvas rien sous tes pied,
22 D’Atignac pourquoi t’hazarder
Auparavant que d’éprouver,
Si ton charme auroit la puissance
De t’exemter de cette dance,
Que l’on n’essaye qu’une fois,
Car elle réduit aux aboís.
23 C’est pourquoi voyant ton trépas
Tu cessas d’être bon Soldat,
Te rendant par poltronnerie,
Afin de prolonger ta vie,
Mais alors ce n’étoit plus tems
De mettre ta voile au bon vent.
24 Et pour te le dire en un mot
Il fallait s’y prendre plutôt,
Tu devois cesser d’être brave
Auparavant que d’être Esclave,
Comme d’Albigni avoit fait,
Laissant ton dessein imparfait.
25 Ce n’étoit pas icy l’endroit
Chassarrdon pour faire l’adroit,
Il valoit mieux faire la chasse
A quelque perdrix ou beccasse,
Que de nous venir réveiller,
Pour servir chez nous de gibier.
26 Tu croiois que dans nos maison
Il y auroit de la venaison,
Mais l’on t’en fit passer l’envie,
En t’y faisssant laitier la vie ;
Apres quoi ce fut les corbeaux
Qui te servirent de tombeau.
27 Ce n’étoit pas des Montagnards
Que vous echeslliez Savoyards,
C’étoit des Genevois la troupe,
Pourquoi donc prendre cette route,
Il étoit mieux de vôtre honneur
De nous escalader par cœur.
28 Du moins vous deviez avertit
Que de nuit vous vouliez venir,
L’on eut allumé des Chandelles,
Vous eussiez dressé vos Echelles
Avec plus de solidité,
Que vous ne les aviez planté.
29 L’on vous promettois Paradis ;
Mais vous n’étiez pas avertis,
Que Geneve est un Purgatoire,
La potence un char de victoire,
Qui étoit destiné pour ceux
D’entre yous les plus courageux,
30 Le Saint que vous aviez prié
Peut-être s’étoit oublié,
Qu bien qu’il n’avoit pas en tête
De seconder vôtre conquête,
Certe il nous auroit bien fait tort,
S’il vous eut conduit à bon port.
31 Vous n’aviez pas non plus raison
De lui faire vôtre oraison,
Pour soutenir une entreprise
Faits contre la foi promise ;
Car les Saints ne protègent pas
Ceux qui font de si mechans pas.
32 Après tout fait, après tout dit
II valoit mieux sans contredit,
Que chacun de vous eut mis cuire,
Permettez moi de vous le dire,
Des raves & des Escargots,
En faisant bon feu sous vos pots.
33 Et pé vo dire an bon Françai
Sevegni vo de cela nai
Que vo zuté la reveria,
Et qu’on vo bailla pe levriá
Onna courda coumme sevau
Pélou mena coumman y fau.
34 Su to ne vo zaveza pa
De fattei dei zassé gran pa,
Couman on fi à l’Ezcalada
Car no zavin de la moutardá,
Que no zavin fai essepret
Pè bouta dan voutrous apret,
37 En fin ze vo dio an ami ;
Que jamai vo ni retorni,
Pe insulta noutre noiria
Sans pryï la Vierze maria,
De vo volai accompagni
Ouan vo zi vudri revegni

FIN.