Chanson nouvelle, sur l’Escalade

La bibliothèque libre.

CHANSON NOUVELLE

De l’Escalade, Sur l’Air, Au gué lon la Nannette, au gué lon la.


SUS peuple de Geneve,
Réjouis toi,
Célébré la Victoire
Qu’eux autrefois,
Sur la troupe des Savoyards,
Venant à grands pas,
Contre tes remparts,
Au gué lon la Nannette,
Au gué lon la.
Le douze de Decembre
Pendant la nuit,
Qui fut comme de l’encre,
A ce qu’on dit,
Tems auquel il faisoit bien froid,
Car l’hyver régnoit,
Dans ces quartiers là, &c.
Le Savoyard perfide,
Voisin du Pô,
Envoya gens d’élite,
Contre tes forts,
A fin d’Escalader sans bruit,
Tes murs dans la nuit,
Toi n’y pensant pas, &c.
Trois échelles plantées
Dans le fossé,
Près de deux cents montèrent
Tous bien armez,
Sans qu’aucun des tiens découvrit,
Quetes ennemis,
Etoient venus là, &e.
Droit au pied des murailles,
Il y avoit,
Un certain personnage,
Que l’on nommoit,
Père Alexandre Ecossois,
Qui les exhortoit,
De ne tarder pas, &c.
Or ça enfans, qu’on monte,
Se disoit-il,
Qu’on massacre, qu’on domte,
Ces endormis,
Si quelqu’un de vous par hazard
Trouve son trépas,
Au Ciel il ira, &c.
Entrés dedans la Ville,
Ces enragés,
Ils s’en vont de furie,
Tous attaquer,
Un corps de garde aisément,
Prirent, car les gens,
S’enfuirent de là, &c.
Tous joyeux ils dépêchent,
Sans retarder,
Vers le Duc de Savoye,
Un Messager,
Lui dirent que les Genevois,
Etoient cette fois,
Surpris dans ces faits, &c.
Mais tes gens qui s’enfuient
De l’ennemi,
S’en vont, tous par la Ville,
Et à grands cris,
Reveille tous les bourgeois dormans,
Qui tout promptement,
Du lit sautent bas, &c.
Ils employent leurs armes,
Tous résolus,
De chasser ces canailles,
Hors de leurs murs,
Et plutôt de sacrifier,
Que d’abandonner,
Leurs chers boulevars, &c,
Ils rencontrent, ils assaillent,
Les Savoyards,
Leur font tourner visage,
Et pas à pas,
Les poursuivent en massacrant
Plusieurs de leurs gens,
Lassez du combat, &c.
Alors Picot se hâte,
D’exécuter,
Son desseìn plein de rage,
Et petarder,
Une porte, afin que par-là
L’ennemi entrât,
Et le renforçât, &c.
Mais un soldat arrive,
Dans ce tems là,
Qui met bas la colisse,
Et qui par là.
Empêche que Picot l’hardi,
Ne fit fauter l’huis,
Avec son pétard, &c.
Et fur ces entrefaites,
Un de nos gens ;
Fit sauter les échelles,
Heureusement,
Ayant mis feu sur un Canon,
Lequel se dit-on,
Sur eux fit écart, &c.
Le Savoyard en fuite,
Veut retourner,
Vers sa gendarmerie,
Dans le fossé,
Mais l’échelle n’y étant plus,
Sauter il salut,
La muraille en bas, &c.
Ils se rompent les jambes
Cuisses & bras,
Evitant la potence,
Dans ce faut— là,
Quoiqu’il fut très-périlleux,
Fut avantageux,
A plusieurs fuyards, &c.
Le brave la Jeunesse,
Et Dandelot,
Desertérent Geneve,
Sans passe-port,
Et Vatteville, le Baron,
Suivant ses champions,
En doublant le pas, &c.
On en prit treize en vie,
Outre cela,
Lesquels ensemble mirent,
Fin à ce Bal,
Où l’on vit qu’ils avoient danser,
Sans qu’aucun des pieds,
La terre touchât, &c.
Sonas tout en colère,
Allant vanger,
La mort de feu son Père,
Fut envoyé,
Dans le Royaume de Pluton ;
Malgré lui, se dit-on,
Quoiqu’il regimbât, &c.
Chassardons sou de raves,
Et de navets,
Dont on couvroit sa table,
A chaque fois,
Geneve allant visiter,
Croyant d’atraper,
Un friant repas, &c.
Mais Messieurs de Geneve
Apercevans,
Qu’il vouloir faire fête,
A leurs dépens,
D’une salade seulement
Lui firent présent,
Au lieu d’un repas, &c.
Il s’en alla ensuite,
Réfugier,
Auprès de Proserpine,
Tout irrité,
Qui fans doute, le traite bien j
Puisqu’il ne revient,
De ce Pays-là, &c.
Brunaulieu suit la trace
De Chassardon,
Et s’en va rendre hommage,
Au Roi Pluton,
Après bien-tôt il vit,
Dattignac venir,
Qui cherchait Sonas, &c,

FIN.