Chansons populaires de la Basse-Bretagne/Le fils du bourreau
Un jeune homme de Paris,
Venu (s’établir) à Tréguier, comme bourgeois,
A choisi pour maîtresse chérie,
La plus jolie jeune fille qu’il y ait en ville,
Ayant de la fortune et de la qualité,
La plus jolie jeune fille qu’il y ait au quai.
Le jeune homme demandait
A sa maîtresse, comme il la saluait :
— Ma maîtresse chérie, dites-moi,
Quand serons-nous fiancés ?
— Cela vous ne l’entendrez pas, du moins aujourd’hui,
Pas avant que je n’aie des renseignements sur votre famille.
— Si vous avez grande envie de l’entendre,
La position de ma famille vous saurez.
Allez trouver un horloger,
Lequel est là, en ville ;
Lequel est là, en ville,
Celui-là la connaît tout au long.
La bourgeoise bonjourait,
Chez l’horloger quand elle arrivait ;
— Et bonjour à vous, horloger !
Qu’est-ce que ce Parisien, qui est en ville ?
— Le Parisien qui est en ville
Peut se faire porter en litière.
Celui-là a deux sœurs
Que l’on promène en carrosse ;
Que l’on promène en carrosse,
Et vous, bourgeoise, vous n’avez pas cet honneur.
— Si vous confessez la vérité,
Je vous donnerai cent écus de rente.
— Si vous souhaitez savoir la vérité,
(Eh bien !) c’est le fils du bourreau de Nantes.
Celui-là gagne de l’argent (sans peine ?)
En appuyant sur les deux épaules (des pendus) ;
Et sa mère est revendeuse,
Au marché des poireaux et des panais ;
Au marché des poireaux et des panais ;
(Elle va) par les rues, vendre du lait ;
Et le manteau qu’elle a sur le dos
(Est) le manteau du voleur qui est accroché au gibet.
Le Parisien demandait
A sa maîtresse, quand il la saluait :
— Ma maîtresse chérie, dites-moi,
Qu’est-ce qui vous a été dit ?
— Il m’a dit, l’horloger,
Que vous devriez être porté en litière ;
Que vous avez deux sœurs,
Lesquelles on promène en carosse ;
Lesquelles on promène en carrosse,
Tandis que moi, bourgeoise, je n’ai pas cet honneur.
De plus, il m’a dit bel et bien
Que le bourreau de Nantes est votre père ;
Que votre mère est revendeuse,
Au marché des poireaux et des panais ;
Au marché des poireaux et des panais,
(Qu’elle va) par les rues, vendre du lait ;
Et que le manteau qu’elle a sur le dos
Est celui du voleur qui pend au gibet.
— Ma maîtresse chérie, si vous m’aimez,
Ruban de soie bleue vous me donnerez ;
Ruban de soie bleue, rouge foncé et blanche,
Propre, à retenir mes cheveux blonds.
— Un lacet de chanvre serait, je trouve suffisant,
Quand on a, comme vous, le bourreau de Nantes pour père.
— Je garantis à l’horloger
Que j’aurai sa vie, avant de quitter la ville !
— L’horloger n’aura aucun mal !
C’est des gens de la rue que j’ai (tout) appris,
C’est des gens de la rue que j’ai (tout) appris ;
Ainsi, partez en votre direction, quand bon vous semblera !